Photo Obsession

Affiche Photo Obsession
Réalisé par Mark Romanek
Pays de production U.S.A.
Année 2002
Durée
Musique Reinhold Heil, Johnny Klimek
Genre Thriller, Drame
Distributeur UFD
Acteurs Michael Vartan, Robin Williams, Connie Nielsen, Dylan Smith, Erin Daniels
N° cinéfeuilles 448
Bande annonce (Allociné)

Critique

"A la recherche d'un second souffle (après plusieurs films de qualité modeste) Robin Williams enfile ici la blouse bleue d'un petit employé travaillant dans le rayon photo d'un grand centre commercial. Célibataire méticuleux et solitaire, Sy Parrish vit par procuration grâce aux photos qu'il développe dans son laboratoire. Il s'attache ainsi à la vie privée de ses clients, et en particulier à celle de ses voisins, les Yorkin, allant jusqu'à tapisser les parois de sa chambre de toutes les photos retraçant les événements de leur existence et imaginer même être un parent lointain de cette famille modèle (""Parfois je me prends pour l'oncle Sy"", avoue-t-il à Nina Yorkin). Jusqu'au jour où il découvre que Will, le père, a une maîtresse: l'image familiale idéale, telle que Sy la concevait, s'écroule d'une minute à l'autre. Il ne le supportera pas.

L'originalité du film tient dans le portrait inquiétant et finalement pervers d'un personnage qui s'introduit - par photos interposées - dans l'intimité des gens, jusqu'à vouloir en infléchir et les comportements et les destinées. Sy déteste les photos ratées, surtout celles qui brisent la représentation qu'il se faisait du bonheur d'une vie familiale. En ce sens ce portrait est à la fois intéressant et désolant: à la recherche d'affection (on découvrira chez lui un passé assez triste expliquant le présent) Sy se laissera envahir par des fantasmes et par une forme de démence qui finiront par le perdre.

Le film, construit en flash-back, débute par un tête-à-tête entre Sy et un policier: un événement important vient donc d'interférer dans sa vie (on ignore encore lequel). Le spectateur va peu à peu le découvrir, au fur et à mesure que Sy racontera sa propre existence et la scène finale permettra de comprendre la déviance qui s'est opérée.

Le premier film de Mark Romanek est un film intelligent (l'évolution de le relation entre Sy et les Yorkin est bien décrite), mais PHOTO OBSESSION n'emporte pas l'adhésion, alors même que le sujet - la solitude humaine vécue dans une grande surface anonyme de consommation de masse - était intéressant. Ces réserves viennent-elles du fait que le personnage est exaspérant, que l'atmosphère du supermarché est pesante ou que l'épilogue sente la convention? Sans doute, mais malgré les efforts de Robin Williams - excellent dans un rôle à contre-emploi qui nous dispense de ses pitreries habituelles - visant à donner crédibilité à son personnage de voyeur pitoyable, le cinéaste n'arrive pas non plus à dépasser le niveau d'un récit correctement filmé. PHOTO OBSESSION est finalement un film non dénué d'intérêt, mais un peu longuet. L'un de ses mérites est sans doute aussi de trancher avec le flot d'images bruyantes et toutes faites qui débarquent si souvent des Etats-Unis..."

Antoine Rochat