Jour de marché

Jacqueline Veuve est l'auteur de longs métrages de fiction dont LA MORT DU GRAND-PERE a été sélectionné au Festival de Locarno en 1978, et PARTI SANS LAISSER D'ADRESSE, présenté à Cannes, a reçu plusieurs récompenses. Mais la réalisatrice vaudoise s'est également signalée par la qualité de ses documentaires. Son dernier travail, JOUR DE MARCHE est consacré au marché ouvert de Vevey, l'un des plus célèbres de Suisse romande.

Le film sent bon le fenouil, les glaïeuls, les sous-bois emmenés jusqu'au bord du lac dans le pied des chanterelles. C'est un moment savoureux et coloré qu'une caméra attentive sait rendre avec la sensualité qui s'impose. Mais Jacqueline Veuve va beaucoup plus loin. Elle a interviewé les paysans, pêcheurs, artisans qui se retrouvent fidèles sur la place, au fil des saisons, par tous les temps. Se montrent alors des visages différents: depuis Ida, 90 ans, jusqu'à Malou, l'Africaine qui, par un commerce habilement administré, réussit à faire vivre sa famille au Cameroun. Les portraits sont beaux. Ils avouent toute l'ambiguïté du travail. Le plaisir des contacts, de l'échange avec la clientèle, cordial comme nulle part ailleurs. La difficulté du métier aussi qui, depuis, longtemps, ne nourrit pas son homme, encore moins sa famille. Jacqueline Veuve peint avec nostalgie ce rendez-vous réservé à ceux qui connaissent encore le goût des bons produits, ceux qui prennent le temps de les cultiver, ceux, finalement, qui aiment la vie. Mais à quel prix pour les maraîchers? Et jusqu'à quand? La question est posée.