Esther Kahn

Affiche Esther Kahn
Réalisé par Arnaud Desplechin
Pays de production Grande-Bretagne, France
Année 2000
Durée
Musique Howard Shore
Genre Drame
Distributeur Bac Films
Acteurs Frances Barber, Ian Holm, Summer Phoenix, Laszlo Szabo (I), Fabrice Desplechin
Age légal 14 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 394

Critique

Encore un film français en anglais!... Il est vrai qu'il se déroule dans la Londres fin XIXe, dans un milieu d'émigrants juifs. Esther Kahn est une jeune fille engourdie et repliée sur soi que le théâtre révèle à elle-même. Un film à costumes de plus au festival, et qui n'apporte pas grand-chose, sinon une magistrale leçon d'art dramatique donnée par l'excellent Ian Holm - dont le verbe et l'accent contrastent impitoyablement avec ceux de Fabrice Desplechin, caricature d'un acteur américain imitant un maître d'hôtel français... Seule Emmanuelle Devos, en pulpeuse courtisane italienne, apporte un peu de couleur à des états d'âme frigides et exaspérants.



Daniel Grivel





Londres, à la fin du 19e siècle. Dans le quartier des docks, Esther, petite fille d'une famille juive, fait l'apprentissage de la vie. Très vite, l'enfant sera poussée à la défensive et cela aura pour conséquence, entre autres, qu'elle grandira en se promettant de ne laisser transparaître aucune émotion, aucun sentiment. Cela ajouté à son caractère naturel, assez molasse dirait-on aujourd'hui, qui ne prédispose guère la jeune fille à faire du théâtre. C'est pourtant dans cet art qu'elle va exceller, grâce aux leçons que lui donne Nathan, un vieil acteur confirmé (Ian Holm). Une histoire d'amour non partagé avec un critique de théâtre, Philip Haygard (Fabrice Desplechin), et la souffrance qui en résultera lui permettront de donner le meilleur d'elle-même au prix d'un effort surhumain.

Il est évident que le projet d'Arnaud Desplechin est ambitieux. Ambitieux par l'ampleur du film (2 h 25), sans que l'on ait le sentiment de répétitions inutiles. Ambitieux par son sujet: le personnage d'Esther n'est pas un personnage facile à manier, pas très cinématographique. Esther vit tout à l'intérieur d'elle-même. Summer Phoenix qui tient ce rôle n'a pas la tâche facile, mais parvient à exprimer ce que le personnage d'Esther doit être. On serait tenté d'ajouter «hélas pour le spectateur». Car si on a envie d'aimer ce personnage à cause de sa souffrance d'enfant, puis d'adulte, on est aussi fortement mis à l'épreuve par son tempérament introverti.

Un projet ambitieux enfin par la peinture du temps et du milieu des immigrants juifs de Londres.

Malgré quelques scènes réussies, en particulier celles entre Summer Phoenix et Ian Holm (les leçons de théâtre), on peut douter que le résultat atteigne les buts que le réalisateur français s'était fixés et que le film parvienne à captiver un large public.



Maurice Gonce

Ancien membre