L'édito de Sabrina Schwob - Une industrie cinématographique sous tension?

Le 12 mars 2020

L’image crépusculaire d’O fim do mundo de Basil Da Cunha, exprimant la violence d’une jeunesse désœuvrée et révoltée qui conduit à l'autodestruction d’une banlieue, pourrait-elle être le symbole de l’état actuel de l’industrie du cinéma français?

Dans un édito de septembre 2019, qui apparaît comme prophétique étant donné la démission de l’ensemble de la rédaction des Cahiers du cinéma le mois passé, Stéphane Delorme dénonce, au moment de l’élection d’un nouveau ministre de la Culture, le business model, implanté dans le domaine culturel également. Celui-ci motivera en partie le départ de l’équipe des Cahiers. En effet, il y a un conflit d’intérêts potentiel avec les nouveaux actionnaires, issus en partie de la production, qui pourraient vouloir centrer la revue sur la promotion du cinéma français, selon les craintes évoquées dans le communiqué.

Même geste radical de la part d’Adèle Haenel au moment de la consécration du film J’accuse par l’attribution du César de la Meilleure réalisation à Polanski. Cette action témoigne d’une scission au sein du monde cinématographique entre les voix anonymes de la majorité des votants et les pourfendeurs de Polanski contre lesquels ces premiers, par leur choix, se sont positionnés - on imagine mal en effet qu’il soit possible de faire abstraction du contexte et de toute la polémique de ces derniers mois au moment du vote.

Demeure l’espoir, face à ces implosions locales, d’un questionnement sur les structures économiques et institutionnelles, dont le joug est fortement secoué.