L'édito de Adèle Morerod - Un regard sur le réel

Le 25 avril 2018

«J’ai toujours écrit mes films. Bien sûr, à Varan (ateliers de formation au documentaire créés par Jean Rouch en 1981) rien n’est écrit par principe. Mais j’y ai fait un bref passage de trois mois, comme stagiaire. Et j’avais des divergences avec eux. J’avais fait deux courts métrages de fiction avant mes documentaires (Tandis que j’agonise et La Police). Ils étaient très écrits, très littéraires. Je me suis éloignée de cette littéralité des voix à partir de mes trois films en Super 8. Le documentaire permet de faire l’expérience du cinéma très directement. L’erreur serait de penser qu’on capture et qu’on représente la réalité. On ne prélève qu’un petit morceau et on le présente sous un certain aspect. Grâce aux contraintes qu’on s’est données, on voit comment ce prélèvement est une forme en soi. Une forme qui reconduit le rapport ontologique du cinéma à la vie: de la vie, on extrait une œuvre d’art. Le passage à Varan m’a montré que tout ce qui était intentionnel pouvait se faire autrement; on pouvait retrouver du style et de la mise en scène à partir du tournage lui-même, en étant moins dans une volonté de contrôle à partir du papier. L’écrit n’a pas d’importance artistique. Les décisions importantes ne sont pas écrites.»
Claire Simon dans un entretien pour Positif, novembre 2009

La réalisatrice était présente au festival Visions du Réel de Nyon. Elle est également en rétrospective à la Cinémathèque suisse jusqu’à la fin du mois. Enfin, son dernier film, Le Concours, sortira prochainement en salle. L’occasion de (re)découvrir cette cinéaste trop peu connue.

La Rédaction