L'édito de Adèle Morerod - Sortir du cadre

Le 04 septembre 2019

De plus en plus de causes, considérées longtemps comme minoritaires, sans intérêt ou anormales sont aujourd’hui revendiquées haut et fort, du féminisme à la question des identités sexuelles, en passant par le racisme ou l’écologie. Le réflexe général est alors de prôner la déconstruction des normes, notamment celles de nos représentations, afin de donner à voir la société dans toute sa variété. Le geste est honorable, mais comment se concrétise-t-il ?

Dans Late Night, la scénariste Mindy Kaling prône l’importance de la diversité dans l’univers professionnel mais n’échappe pas à une psychologisation de ses personnages banale, et paradoxalement bien-pensante. De même, Insoumises, qui plonge dans l’histoire et joue sur les troubles du genre afin de montrer la difficulté à être femme médecin, contraint finalement son sujet à un récit pour le moins linéaire.

Deux moi, le dernier Klapisch, se confronte quant à lui au problème de la romance à l’ère des réseaux sociaux. A objet nouveau, vision bien traditionnelle, puisque le réalisateur s’accroche à une idée de l’amour proche du conte de fée, voire de clichés sexistes. Face au changement, il n’est pas toujours facile de proposer une morale intelligente. Les discours, comme les formes qu’on leur confère, semblent évoluer moins vite que les intentions déclarées de leurs auteurs.

Et puis il y a des films comme So Long, My Son, du Chinois Wang Xiaoshuai, qui aborde avec pudeur et sensibilité la tragédie irrémédiable qu’est la mort d’un enfant. Il y a aussi les films de Med Hondo, Tamer Ahsry et Amel Guellaty, traçant les récits intimes d’une Afrique multiple, drôle et forte à la fois. Ce qu’ils nous rappellent n’est pas tant l’ailleurs ou l’altérité mais l’importance de ne pas seulement opposer aux cadres d’autres cadres; de rester en questionnement face au monde.