L'édito de Adèle Morerod - À quel prix la culture?

Le 05 novembre 2020

Trône sur le bureau de la soussignée un livre intitulé La culture est-elle en péril? Ensemble de réflexions rassemblées en 1955 à l’occasion des Rencontres internationales de Genève et traitant de causes différentes, il entre pourtant de manière saisissante en écho avec notre actualité. Sans chercher à répondre d’un oui ou d’un non à la question lancée, il y a de quoi être inquiet des restrictions toujours plus dures imposées à une scène culturelle déjà à bout de souffle.

Les salles maintenant limitées à 50 places (quand elles ne sont pas simplement fermées, comme en France), les films et autres spectacles repoussés, les projets interrompus, puis repris, puis interrompus à nouveau: le premier coût auquel doit faire face la culture concerne toutes celles et ceux qui œuvrent pour créer des espaces de liberté et d’inspiration et dont la vie est, depuis tant de mois, suspendue à ces mouvements de va-et-vient.

Ce qui n’a par contre pas de prix, c’est justement ce qu’ils nous offrent. Comment en effet fixer une valeur marchande sur des émotions, des réflexions? Ces lieux par excellence où ce qui est proposé est ouvert à tous, où ce qu’on y cherche et ce qu’on y trouve n’est prescrit par personne - des univers dans lesquels se plonger qui ne ressemblent pas en tout point à notre réalité, des figures à rencontrer qui nous sortent de nous-mêmes -, ces lieux, il s’agit de les préserver. Et pour le coup, à tout prix!