L'édito de Sabrina Schwob - Printemps (tardif) du cinéma

Le 18 juin 2020

Petit à petit les salles de cinéma rouvrent leurs portes, remettant en route la machine à rêves, malgré la perte d’habitude, la faible fréquentation générale des salles en juin et la nécessité de respecter les règles de distanciation sociale. Autre changement qui découle de la crise sanitaire traversée: la programmation. Des sorties de blockbusters sont retardées, tout comme d'autres films attendant une diffusion à l’international pour pouvoir être conjointement projetés ici.

Ainsi, une bonne partie des cinémas décident de reprogrammer certains films, comme le Bellevaux à Lausanne avec Adam - belle opportunité de le (re)découvrir -, ou You Will Die At 20, sélectionné au FIFF et dont la sortie discrète n’avait pu se faire qu’en ligne. D’autres choisissent de projeter des classiques en version restaurée, avec actuellement Shining sur les écrans du Grütli à Genève.

Si cela constitue un manque à gagner pour l’industrie du cinéma, c’est toutefois aussi l’occasion de mettre en avant, dans les nouvelles sorties, des œuvres plus discrètes, facilement rejetées dans l’ombre par l’éclat de productions plus grandes. C’est essentiellement de celles-ci dont il est question dans ce numéro, qui fait la part belle au cinéma suisse.

De l’émancipation familiale d’une mère et épouse, traitée de manière (trop) réaliste dans Mare, aux tribulations de Seconda, agoraphobe dans Love Me Tender, en passant par Moscou aller simple !, comédie du cinéaste zurichois Micha Lewinsky, sans oublier le documentaire L'Île aux oiseaux, projeté à Locarno et consacré par le Prix du cinéma suisse : la diversité est au rendez-vous. Bien sûr, il sera également possible de retrouver des visages plus familiers, avec par exemple Un ami extraordinaire, où la tonalité «mélodramatique» et «sirupeuse» du film n’entrave en rien la prestation de Tom Hanks, dans le rôle d’une vedette de la télévision. Une rentrée pour le moins imprévue, dont on ne peut que souhaiter qu’elle permette un éclairage nouveau sur les films, et sur les salles indépendantes qui les projettent.

Sabrina Schwob