L'édito de Sabrina Schwob - Place à la critique!

Cette année semble commencer sous le signe de la réflexivité.

Si bien souvent le cinéma parle de lui-même, se questionne sur sa propre pratique et sur le rapport du spectateur à la représentation, ce discours apparaît central dans quelques films qui ouvrent ce numéro.

Dans Matrix Resurrections, le choix même de la réalisation de ce quatrième opus est interrogé de manière évidente et amusante: Neo (Keanu Reeves) est à l’origine du jeux vidéo Matrix à succès, dont les images qui nous sont offertes en aperçu reprennent celles des films précédents… Emmanuel Carrère met quant à lui en abyme sa propre démarche de cinéaste, qui tout en décrivant et dénonçant les conditions de travail précaires dans les services de propreté, n’en fait pas moins l’objet d’une potentielle reconnaissance artistique.

Pour Andreas Fontana, le réalisateur d’Azor, à qui nous donnons la parole dans «Le grand entretien», il ne s’agit pas nécessairement d’évoquer aussi directement le fait que le spectateur est face à une fiction, mais de renvoyer, par le jeu des acteurs, la musique, au fait que l’on est bien devant un film.

Pour ce qui est de la revue, 2022 est également placée sous le signe de la nouveauté. Nous souhaitons la bienvenue à Noémie Desarzens, journaliste, que nous sommes heureux d’accueillir en tant que rédactrice. Pour se faire l’écho des préoccupations qui animent le milieu cinématographique, une nouvelle rubrique laissera la parole, entièrement libre, à une personne œuvrant à l’intérieur de celui-ci. En l’occurrence, le réalisateur Frédéric Gonseth témoigne cette fois d’une situation alarmante pour le cinéma et celles et ceux qui le font vivre.

Et enfin, grâce à vous lectrices et lecteurs, Ciné-Feuilles peut mieux s’interroger sur sa propre pratique. Nous avons lu avec plaisir vos retours au questionnaire que nous vous avions soumis. Nous avons été particulièrement touchés par votre fidélité et par la confiance que vous nous octroyez, en vous référant à nos jugements pour choisir quel film voir. Nous avons découvert avec plaisir également la manière dont la rencontre avec notre revue s’est produite, par recommandation ou, par un joli hasard, avec par exemple un numéro oublié sur un siège de cinéma. S’il n’est possible de restituer ici un bilan de vos commentaires, sachez que nous tiendrons compte, dans la mesure du possible, de vos remarques, surtout pour celles qui sont communes à plusieurs d’entre vous.

En vous remerciant pour vos encouragements, nous vous souhaitons une très belle année 2022, pleine de réussite, de joie et de découvertes cinématographiques.