L'édito de Adèle Morerod - Le cinéma à la croisée des arts

Le 05 septembre 2018

Très tôt, le cinéma a été comparé à ses prédécesseurs. Peinture, littérature, théâtre, musique même: chaque art institué servait de mesure, en tant que modèle inatteignable ou au contraire inspirant, pour situer ce nouvel arrivant. Certains intellectuels sont même allés jusqu’à voir en lui une synthèse de tous les arts, puisque peu à peu, et notamment avec l’arrivée du sonore, il est parvenu à les représenter, voire à les intégrer. Tout comme il s’en nourrit, ainsi que l’évoque Ilias El Faris dans son entretien, lui qui fut comédien et photographe avant d’être réalisateur.

Si ces débats peuvent nous sembler bien loin, le présent numéro s témoigne néanmoins d’un 7e art qui continue d’étendre ses ramifications dans bien des directions. Ainsi, durant le mois de septembre, pas moins de quatre manifestations (voir l’Agenda culturel) célèbrent à leur manière la diversité de formes et d’applications que peut adopter le cinéma, que ce soit à travers la bande dessinée, dont il partage le découpage «plan par plan» ou l’affiche, part importante du destin d’un film en même temps que illustration figée de ce dernier.

Et puis, au cœur du dossier spécial de ce mois (accessible qu'en version imprimée), un réalisateur qui combine dans ses films, comme dans sa vie, peintures, gravures, musiques et films. Par son travail, David Lynch nous propose peut-être une définition moins définitive du cinéma que celle proposée par les premiers théoriciens: un lieu qui ne contient pas tout mais qui crée des échos. Entre les arts, bien sûr, mais aussi dans nos vies. Quelle plus belle invitation que celle d’une œuvre qui ne demande qu’à être investie en retour?