L'édito de Sabrina Schwob - Les ciné-clubs: une pratique spectatorielle alternative?

Le 08 février 2018

Il semble se nicher un peu partout à Lausanne des ciné-clubs (voir le «regard sur…» d'Antoine Rochat, du 15 avril 2016, qui propose une appréhension historique des ciné-clubs), occupant des lieux aussi variés que Le Bourg (Ciné//Bourg qui proposera le 18 mars, pour sa première projection, Koyaanisqatsi de Godfrey Reggio, 1982), le cinéma du Bellevaux, occasionnellement aussi à la librairie de la Louve (Ciné-club au beurre), la salle Paderewski au casino de Montbenon (Cercle d'Etudes cinématographiques), la Maison de Quartier (les Toiles Filantes) et sur le campus universitaire (Ciné-clubs Unil/EPFL). Bien que leur visibilité soit parfois peu évidente et passe avant tout par les réseaux sociaux ou le bouche-à-oreille, leur programmation est souvent des plus réjouissantes.

Si l'on dresse un panorama actuel des lieux de projections, se distingue, pourrait-on dire, trois offres distinctes: les Pathés; les cinémas avec une, voire deux, salles de projections (CityClub, Bellevaux, Zinéma, Oblò) qui programment souvent des films plus audacieux, moins canoniques que les multiplexes lausannois; enfin, la Cinémathèque suisse qui, hors des événements spéciaux, nous fait découvrir des films de l'histoire du cinéma.

Comment se situe alors l'offre des ciné-clubs au sein de ce champ déjà varié, malgré la nette diminution de salles de cinéma?

Si chacun d'eux se spécialise selon des appréciations esthétiques divergentes, ce que l'on remarque est souvent la proposition d'un cycle autour d'une thématique plutôt qu'une programmation reposant sur la cohérence historique. Certains (Ciné-club au beurre et Ciné//Bourg) élargissent leur horizon en incluant du cinéma expérimental. Tous veulent offrir un aperçu plus large, remettant au goût du jour des pépites méconnues ou oubliées de l'histoire du cinéma, à des prix dérisoires, voire avec un chapeau à la fin. Mais ce qui rend la présence des ciné-clubs nécessaire et précieuse est le dialogue qu'ils instaurent avec le public, en proposant, parfois autour de plats concoctés et offerts (le Ciné-club au beurre), des discussions, après la projection et la présentation qui la précède. En insistant sur l'importance de ce qui encadre le film lui-même, les ciné-clubs renoueraient-ils avec une pratique originaire du cinéma, propre au moment de son avènement, où le film n'était pas conçu en dehors de la séance dans laquelle il s'insérait?

Sabrina Schwob