L'édito de Marvin Ancian - Le biopic musical, un genre en urgence de désintox

Le 15 mai 2024

Vous l’aurez peut-être remarqué, nul article de Back To Black - film retraçant le parcours de la chanteuse Amy Winehouse - dans nos pages. La raison? Un simple concours de circonstances lié aux emplois du temps personnels des membres de la rédaction de Ciné-Feuilles qui a empêché la couverture du long métrage (à ce stade, rappelons que notre équipe est constituée de bénévoles dévoué·e·s à leur passion du cinéma). Et pourtant, une telle absence, si elle avait été volontaire, aurait pu passer pour un acte de rébellion tant la déferlante de biopics musicaux qui envahissent nos écrans laisse songeur.

Amy Winehouse donc, mais aussi, avant elle, Bob Marley, Freddie Mercury, Elvis Presley ou Marylin Monroe. La liste des destins tragiques qui remplissent les caisses des studios hollywoodiens est longue. Et le résultat bien souvent insipide et peu inspiré. Après avoir essoré les super-héros jusqu’à la moelle, les firmes semblent avoir déniché le nouvel Eldorado. Si les Spiderman, Captain America et autre Black Widow ne vont pas encore disparaître des salles obscures, ils commencent à s’essouffler, tout comme le public. Il était donc grand temps de trouver une alternative la plus rentable et duplicable possible.

Pour finir d’aseptiser le tableau, certains ayants droit des stars présentées à l’écran ont décidé de mettre leur nez dans la production des longs métrages. Ainsi, Brian May et Roger Taylor, membres de Queen, ont supervisé le processus de création de Bohemian Rhapsody. Idem pour le film Bob Marley: One Love pour lequel la femme et les enfants du roi du reggae ont vérifié que rien ne vienne égratigner l’image de l’icône. Des récits lissés, voire réécrits, faisant tendre le résultat vers le panégyrique et le rendant encore plus consensuel qu’il ne l’était déjà.

Pourtant, le genre du biopic musical n’est pas nouveau et a parfois même réussi à surprendre. Last Days, 8 Mile, I’m Not There, Amadeus, il existe des exemples qui sortent leurs épingles du jeu en faisant des choix tranchés: les derniers jours de Kurt Cobain, la carrière d’Eminem avant qu’elle n’explose, la rivalité entre Mozart et Salieri, des périodes spécifiques de la vie de Bob Dylan jouées par de multiples interprètes. À chaque fois, un angle de réalisation marqué, porté par des cinéastes forts d’une proposition qui permet de s’éloigner de l’étalage Wikipédia qu’offrent les productions actuelles.

À l’instar de l’encyclopédie libre qui se voit enrichie de milliers de pages chaque jour, le genre du biopic musical n’est pas près de ralentir le rythme. Les annonces de films retraçant la vie de Michael Jackson, des Bee Gees, de Madonna ou de Bob Dylan (encore lui) prouvent que le sevrage n’est pas pour tout de suite.