Sagrada

Sagrada… incroyable cathédrale, cent trente ans d’une aventure qui se poursuit au cœur de Barcelone. En espagnol, Sainte Famille se dit Sagrada Familia. L’église lui est dédiée. L’architecte Villar, qui l’a commencée en 1882, en a construit la crypte. Puis est arrivé Antoni Gaudi, il a imaginé le sanctuaire dans ses proportions immenses et son architecture organique. La démarche de cet homme de 31 ans est extraordinaire en soi. Mais que le chantier, toujours inachevé, progresse sans que nul n’en voie la fin… cela donne le vertige.

Stefan Haupt, cinéaste zurichois, s’est laissé fasciner par «la biographie» de cette église. «J’ai voulu la raconter de manière verticale mais aussi de l’intérieur, c’est-à-dire en partant des ses origines, de ses racines et en observant d’abord le quotidien de tous ces artisans, ouvriers, sculpteurs, architectes pour pouvoir finalement aborder la problématique d’un tel projet aujourd’hui.» Il invite à comprendre le regard des professionnels qui poursuivent l’histoire: l’architecte, le sculpteur, le contremaître et même, le musicien, Jordi Savall. Et puis il y a l’urbaniste David Mackey, perplexe quant à la pertinence d’un chantier qui, en 2010, évolue dans le style Art nouveau catalan de son origine; un chantier qui n’a pas su s’adapter aux époques traversées. C’est l’une des questions les plus intéressantes du film, elle aurait mérité un développement.

Le réalisateur égrène de belles images, des atmosphères troublantes, des convictions sincères et des interrogations sans réponses. Etrange grandeur que cette entreprise. C’est l’impression laissée par Sagrada qui s’attache surtout à l’aspect humain, labeur de corporations confondues, œuvre en fin de compte plus puissante par la persévérance et la ténacité de ses constructeurs que par son esthétique.