Tyrannosaur - A Love Story

Affiche Tyrannosaur - A Love Story
Réalisé par Paddy Considine
Pays de production Royaume-Uni
Année 2011
Durée
Genre Drame
Distributeur cineworx
Acteurs Jennifer Peedom
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 657

Critique

Contrairement à ce que le début du titre pourrait faire croire, nous ne sommes pas dans une resucée de JURASSIC PARK. On rencontre bien quelques monstres, mais humains, trop humains, dans ce premier long métrage de Paddy Considine, comédien britannique.

Ce film - remarquable, disons-le d’emblée - est le développement d’un court métrage réalisé par l’auteur en 2007, DOG ALTOGETHER, qui en constitue d’ailleurs la scène-choc initiale: Joseph (époustouflant Peter Mullan), ivre d’alcool, de violence et de colère, massacre son chien à coups de pied. Chômeur, veuf (sa femme, diabétique, est partie par morceaux successifs), il touche le fond, comme on dit. Après une rixe dans un pub, il cherche refuge dans la boutique d’occasions d’une œuvre caritative et cache son mal-être derrière une rangée de fripes. Hannah (magnifique Olivia Colman), la tenancière, constate son désarroi et, sans se préoccuper de son avis, s’agenouille afin de prier pour lui et pour la délivrance du fardeau qu’elle pressent.

Peu à peu, la jeune femme apprivoise le fauve, et un lien aussi étrange qu’inattendu se tisse entre eux. Pas à pas, au-delà de tous les non-dits, chacun découvre le jardin (si l’on peut dire) secret de l’autre; les efforts de Joseph pour se sortir de sa spirale infernale; l’enfer domestique vécu au quotidien par Hannah, victime d’un mari (Eddie Marsan) à qui on donnerait le Bon Dieu sans confession; les tourments endurés par un petit garçon, fils d’une voisine de Joseph harcelé par l’amant skinhead de sa mère...

On l’aura compris, TYRANNOSAUR (surnom donné par Joseph à sa défunte épouse) n’est pas une bluette et nous plonge dans l’envers du décor d’une Angleterre post-thatchérienne. Tourné à Leeds, dans la lumière glauque d’un certain monde nocturne et derrière les façades pimpantes d’une banlieue pavillonnaire, le film fait penser aux œuvres d’un Ken Loach, mais en bien plus sombre encore. Il faut dire que Paddy Considine a été le scénariste de THIS IS ENGLAND, qui déjà décrivait l’irruption d’une réalité brutale dans la vie d’un préadolescent. On a le cœur déchiré devant ces êtres s’efforçant de se sortir d’une destinée qui les broie impitoyablement. Le film ne comporte pas de happy end, mais sa fin laisse entrevoir une percée vers l’espérance.

Âpre, puissant, noir, TYRANNOSAUR est bel et bien «une histoire d’amour». Amour entre un homme et une femme que rien ne prédisposait à se rencontrer, entre violence et pardon, entre résignation et volonté. Les acteurs sont bouleversants, le regard que leur porte le cinéaste ne les juge pas, le film est monté au rasoir et se refuse au pathos facile. On n’en sort pas indemne.

Daniel Grivel

Appréciations

Nom Notes
Daniel Grivel 20
Georges Blanc 17
Geneviève Praplan 18
Anne-Béatrice Schwab 19