Kinshasa Symphony

Affiche Kinshasa Symphony
Réalisé par Claus Wischmann, Martin Baer
Pays de production Allemagne
Année 2010
Durée
Musique Jan Tilman Schade
Genre Documentaire
Distributeur Hévadis Films
Acteurs Jennifer Peedom
Age suggéré 10 ans
N° cinéfeuilles 642
Bande annonce (Allociné)

Critique

Au milieu du tohu-bohu de Kinshasa, entre échoppes délabrées et masures misérables, des musiciens et des choristes ont installé leurs chaises en plastique et répètent l’Hymne à la joie de la 9e symphonie de Beethoven. Ils sont barbier, coiffeuse, électricien, vendeurs ambulants ou sans travail. Ils viennent des quartiers pauvres, habitent des réduits loués à des prix indécents, ils tirent le diable par la queue mais ont une passion, singulière en République démocratique du Congo, la musique classique, méconnue et pas populaire pour un sou. Il faut dire que c’est la musique de l’ancien colonisateur. Ces musiciens amateurs et autodidactes font partie de l’Orchestre symphonique kimbanguiste de Kinshasa, créé il y a une quinzaine d’années par un pilote d’avion au chômage.

La formation, forte d’une bonne centaine de musiciens et de chanteurs, a survécu à deux coups d’Etat et une guerre civile. Beaucoup d’instruments ont disparu lors de pillages. Il a fallu faire preuve d’ingéniosité et de débrouillardise pour faire vivre «le seul orchestre symphonique du monde qui ne compte que des Noirs», comme le dit avec fierté Trésor, le ténor. Joseph a dû réparer son violon avec des freins de vélo et des élastiques. Le contrebassiste a taillé son instrument dans une planche achetée au marché et l’a fait vernir dans une carrosserie. Une flûtiste, mère célibataire, emmène son petit garçon avec elle aux répétitions.

Le documentaire consacré à cette formation atypique est bien plus que le portrait de musiciens hors normes. C’est, à travers eux, un reportage qui nous révèle à petites touches la vie quotidienne dans les quartiers pauvres de Kinshasa mais aussi la formidable énergie des Congolais. La magie de ce documentaire tient aux moments de grâce que ses réalisateurs Claus Wischmann et Martin Baer ont su capter avec sensibilité, aux gros plans sur des visages illuminés par le plaisir de faire de la musique ensemble, cette musique qui «donne la force», comme le confie à la caméra une jeune flûtiste. L’émotion, omniprésente, nous submerge lors du concert final devant un public nombreux serré dans la nuit sur des chaises de fortune.

Note: 15