Atmen

Affiche Atmen
Réalisé par Karl Markovics
Pays de production Autriche
Année 2011
Durée
Musique Herbert Tucmandl
Genre Drame
Distributeur looknow
Acteurs Georg Friedrich, Thomas Schubert, Karin Lischka, Gerhard Liebmann, Stefan Matousch
Age légal 14 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 637
Bande annonce (Allociné)

Critique

Roman Kogler, 18 ans, a déjà purgé la moitié de sa peine dans un centre de détention pour mineurs et pourrait être libéré sur parole. Il a cependant peu de chances, n’ayant aucune famille et ne s’adaptant pas en société. Après de nombreuses recherches, il trouve un travail de réinsertion à la morgue de la ville. Un jour, par hasard, il tombe sur le cadavre d’une femme qui porte son nom de famille. Roman part alors à la recherche de son passé.

En voulant réaliser au départ un film sur des médecins légistes, des hommes qui ont la mort pour employeur, Karl Markovics a fini par faire de cet élément la base d’un récit dans lequel une histoire centrée sur la mort devient une histoire de vie. Cette entrée dans la vie par la porte de la mort structure la certitude selon laquelle ce jeune homme semble déjà largué. La longue liste de malheurs qui ont accompagné sa vie est dévoilée au compte-gouttes par ce film qui joue d’un mutisme proche de celui de Roman, à la limite de l’autisme. Ses rapports avec des personnages qui cherchent à l’aider ou qui l’humilient, ses muets appels au secours, la quête désespérée de son passé, sont les éléments d’un film à la fois envoûtant et interpellant qui ne peuvent nous laisser indifférents.

Georges Blanc


Pour son premier film, le réalisateur (et acteur de théâtre) autrichien Karl Markovics n’a pas choisi la facilité. L’histoire de Roman Kogler, jeune détenu de 18 ans en semi-liberté - il fait un stage de réinsertion sociale à la morgue de Vienne, - n’est pas de celles qui séduiront le grand public. Mais ATMEN reste une heureuse surprise.

Atmen (le titre français Nouveau souffle est plus explicite) semble avoir deux objectifs: d’abord celui de traiter un sujet difficile - un adolescent sans famille est en quête de son identité - et ensuite de le faire en s’appuyant sur une écriture et un réalisme proches du documentaire.

Personnage blessé et têtu, plein de révolte et de colère rentrée, Roman (Thomas Schubert) s’adapte tant bien que mal à son nouveau travail à la morgue. Il découvre un jour, sur le cadavre d’une femme, le nom de sa propre famille. Un événement déclencheur qui va le pousser à partir à la recherche de sa mère et de son passé. Sa volonté de comprendre ce qui lui est arrivé, son désir d’échapper à une forme d’enlisement psychique et social vont dans le sens d’une volonté de renaître à la vie. Trouvera-t-il ce nouveau souffle? En l’espace de quelques jours il croisera sa mère, mais se reverront-ils? Le cinéaste laisse quelques ouvertures possibles, même si l’optimisme n’est guère de mise… Dans ses allées et venues, Roman côtoie bien des gens (gardiens de prison, détenus, employés des pompes funèbres, passants, globe-trotteuse dans le métro). Se dégage peu à peu de ces rencontres le tableau d’un environnement (d’une Autriche?) un peu terne, un peu rigide. Michael Haneke n’est pas loin… Atmen, dans sa première moitié, se rapproche d’un documentaire: la vie dans la prison, les activités à la morgue, les diverses interventions des pompes funèbres dans la ville de Vienne sont décrites avec réalisme, sans complaisance. Quant à la deuxième partie - la quête du passé, la recherche de la mère, les souvenirs enfouis du geste meurtrier de Roman (suite à une bagarre, un de ses camarades est mort par sa faute) -, elle tente de décrire le monde intérieur du protagoniste. Personnage replié sur lui-même, Roman sent confusément qu’il doit renouer avec sa mère, se sociabiliser et trouver un job. Et, paradoxalement, c’est en travaillant dans une morgue que son horizon va s’éclaircir. Il s’agit maintenant d’apprendre à «respirer» différemment, et les scènes de piscine ont, à cet égard, une valeur métaphorique: il faut plonger, remonter à l’air libre, reprendre son souffle.

On pourra reprocher à Karl Markovics d’avoir donné, dans Atmen, une place trop grande à la composante documentariste, au détriment d’une approche plus fouillée de son personnage principal, et - surtout - de conclure son film sur un point d’orgue, avec un petit goût d’inachevé. La victoire de Roman reste en effet très fragile.

Dans cette description du cheminement difficile d’un adolescent de 18 ans qui se cherche, le cinéaste a su trouver la bonne distance. On pourrait même parler d’une sorte de détachement, même s’il s’agit sans doute d’une forme de pudeur. ATMEN est un film de facture très classique, avec une grande attention portée aux images, aux cadrages (parfois insolites). Les dialogues sont rares, mais chargés de sens, et le jeu des acteurs - tout particulièrement celui de Thomas Schubert, 18 ans, dont c’est le premier film - de grande qualité.

Antoine Rochat

Antoine Rochat

Appréciations

Nom Notes
Georges Blanc 17
Antoine Rochat 16
Daniel Grivel 17
Serge Molla 17
Geneviève Praplan 18