Yo, también

Affiche Yo, también
Réalisé par Antonio Naharro, Álvaro Pastor
Pays de production Espagne
Année 2009
Durée
Musique Guille Milkyway
Genre Comédie dramatique
Distributeur Happiness
Acteurs Lola Dueñas, Antonio Naharro, Pablo Pineda, Isabel Garcia Lorca, Joaquín Perles
Age légal 10 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 618
Bande annonce (Allociné)

Critique

Un nouveau film parle de trisomie, mais ce n’est pas un film de plus. YO, TAMBIEN est une réussite comme on en voit peu sur le sujet.

Il fallait un culot étonnant et une délicatesse infinie pour nouer les fils d’un scénario aussi bourré de pièges. Est-ce parce que la sœur de l’un des réalisateurs est trisomique? Toujours est-il que YO, TAMBIEN est un vrai petit bijou qui, sous prétexte de raconter une histoire d’amour, propose toute une série de lectures sur le sujet difficile du handicap.

Daniel (Pablo Pineda) est le premier trisomique à avoir décroché une licence universitaire. Il trouve du travail dans un service administratif et y rencontre ses nouveaux collègues. Laura (Lola Dueñas) surtout, cette belle femme blonde à l’air triste, dont Daniel voudrait bien devenir l’ami - et plus si entente… Car il a 35 ans et sa vie de célibataire lui pèse d’autant plus qu’il est intelligent, lucide et que le reste de son existence se déroule exactement comme celle de tout le monde.

Quand on est trisomique, aimer est une chose simple, mais être aimé? Lola Dueñas joue magnifiquement les doutes qui l’assaillent, la remise en question de ses points de vue, le rejet et l’attirance pour la tendresse offerte alors qu’elle n’a plus de relations familiales. De son côté, Daniel a-t-il le droit d’aimer? La question est grave, encore interdite, comme le montrent Antonio Naharro et Álvaro Pastor; elle est de l’ordre qui dérange, peu importe si elle est douloureuse pour les intéressés. Ne vaudrait-il pas mieux renoncer à l’éducation et aux apprentissages pour souffrir moins, demande Daniel?

Les réalisateurs espagnols ont filmé avec un profond respect, et cela autant envers la problématique qu’envers les personnages qu’ils mettent en scène. «Tourner avec des acteurs atteints de trisomie demande une attention particulière de la part de l’équipe. Ils ont des facilités pour exprimer les sentiments requis par chaque scène, mais l’équipe doit s’adapter et doit se faire comprendre.» Il aura fallu un long temps de préparation, beaucoup de répétitions et de nombreuses réécritures du scénario, avouent-ils. Mais au bout du compte, ils donnent à méditer des questions graves, qu’ils laissent glisser dans leur cadre d’humour naturel, sans jamais tomber dans la caricature, ni le pathos. En le laissant exactement dans ses cordes, ils mettent aussi en lumière ce formidable acteur qu’est Pablo Pineda. Leur film est bouleversant.

Note: 18

Geneviève Praplan