Le Quattro Volte

Affiche Le Quattro Volte
Réalisé par Michelangelo Frammartino
Pays de production Italie, Allemagne, Suisse
Année 2010
Durée
Genre Drame
Distributeur frenetic
Acteurs Giuseppe Fuda, Bruno Timpano, Nazareno Timpan
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 615
Bande annonce (Allociné)

Critique

Un vieux berger vit ses derniers jours dans un paisible village médiéval perché dans les montagnes de Calabre. Il conduit ses chèvres sous des cieux désertés depuis longtemps par les villageois. Un jour, il meurt pendant son sommeil, entouré par ses chèvres. A peu près au même moment naît un chevreau. Nous suivons ses premiers pas, ses premiers jeux, jusqu’à ce qu’il prenne des forces et accompagne le troupeau au pâturage. S’étant un soir égaré, il va se blottir contre le tronc d’un sapin majestueux. Au printemps suivant, ce sapin est abattu pour trôner au centre de l’ancestrale fête de la «Pita». Coupé ensuite en tronçons, il servira à alimenter une charbonnière qui fournira du charbon de bois aux habitants.

«En Calabre, la nature ne connaît pas de hiérarchie. Tout être possède une âme. Pour s’en convaincre, il suffit de croiser le regard d’une bête, d’entendre le son de la charbonnière, qui est comme une voix, ou bien d’observer le flottement des sapins battu par le vent, qui appelle tout le monde à se grouper.» Mieux qu’un commentaire, ces propos du réalisateur soulignent la poésie et la plénitude d’une œuvre hors du commun, résonnant comme une incantation à la nature. Sans star, sans musique ni dialogue, ce film encourage un parcours de libération du regard. Il pousse le spectateur à trouver le lien invisible qui anime la création. Ainsi la présence humaine tend à s’estomper peu à peu au profit des animaux, des plantes et des objets. Tout cela pour nous offrir une succession de tableaux tous plus admirables et envoûtants les uns que les autres.

Georges Blanc


Georges Blanc a excellemment rendu compte de cette première œuvre présentée à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes 2010 et unanimement salué par la presse.
Nous tenons à insister sur ce chef-d’œuvre, dont l’auteur se déclare grand admirateur de Robert Bresson et de Bela Tarr notamment. Au fil d’une année, nous suivons la vie quotidienne d’un petit village de Calabre, s’ouvrant et se fermant sur la meule édifiée par des charbonniers. Scènes de la vie pastorale, procession de Vendredi-Saint, simplicité biblique pour ne pas dire dénuement: tout est dit par la seule force des images et touche le spectateur au plus profond de ses racines. Aux antipodes des paillettes frelatées berlusconiennes, on plonge dans le «mezzogiorno» d’Ignazio Silone, et l’évocation toute de sobriété, taillée au rasoir, prend une dimension universelle. Tout simplement admirable.

Daniel Grivel

 

Ancien membre

Appréciations

Nom Notes
Georges Blanc 15
Daniel Grivel 20