Secret des Poignards volants (Le)

Affiche Secret des Poignards volants (Le)
Réalisé par Zhang Yimou
Pays de production Chine, Hong-Kong
Année 2003
Durée
Musique Shigeru Umebayashi
Genre Action, Drame, Historique
Distributeur United International Pictures (UIP)
Acteurs Zhang Ziyi, Andy Lau, Takeshi Kaneshiro, Song Dandan, Yang Guang
Age légal 14 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 492
Bande annonce (Allociné)

Critique

"Après son superbe HERO, le réalisateur chinois Zhang Yimou nous offre un film d'amour et d'action saisissant. Une œuvre épique somptueuse.

Dans la Chine médiévale, la dynastie Tang est sur le déclin. Le gouvernement corrompu s'épuise à lutter contre les groupes rebelles toujours plus nombreux qui se dressent contre lui. Le groupe le plus puissant est celui de la Maison des Poignards volants. Deux capitaines, Leo et Jin, sont envoyés pour capturer le nouveau chef de ces redoutables révolutionnaires. Ils élaborent un plan: Jin (Takeshi Kaneshiro) se fera passer pour un combattant solitaire, se portera au secours de la belle révolutionnaire Mei (Zhang Ziyi), fille de l'ancien chef des Poignards volants, et la fera sortir de sa prison. Gagnant ainsi sa confiance, il l'escortera jusqu'au quartier général secret de la Maison des Poignards volants. Le plan marche comme prévu, mais au cours de leur long périple, Jin et Mei tombent amoureux l'un de l'autre, sans laisser Leo (Andy Lau) indifférent..

Dans ce film, Zhang Yimou explore plus profondément le genre des arts martiaux - particulièrement le wuxia (genre mêlant épées et chevalerie chinoise) - et l'idée d'esthétisme présent dans l'œuvre précédente. Tout est conduit jusqu'à la perfection ou presque. Et la thématique du dernier film est infléchie: la ferveur patriotique cède la place à l'amour. L'intrigue est centré sur trois personnages pris au piège de leurs sentiments et de leurs mystifications. L'histoire est linéaire, mais aussi plus complexe, sans nier quelques analogies avec TIGRE ET DRAGON.

Ce qui frappe d'abord, c'est l'esthétisme. Dès les premières minutes du film, nous sommes plongés dans un décor très élaboré, où les couleurs, les lumières, les objets, les dorures créent comme un écrin pour recevoir une des séquences les plus belles: la danse du ""Jeu de l'écho"" de la jeune aveugle Mei. Séquence d'une qualité esthétique, chorégraphique et technique exceptionnelle. Le ton est donné. Vont suivre, pendant près de deux heures, des tableaux d'une grande beauté. Du Pavillon des Pivoines, magnifiant la richesse de la maison close, à la forêt de bambous, où dominent le vert et les lignes verticales, en passant par les champs de fleurs, ou encore le champ de neige final, chaque plan semble avoir fait l'objet d'une attention particularisée.

La musique, elle, participe pleinement à l'esthétisme du film. Les percussions et rythmes traditionnels rendent certaines scènes envoûtantes. Et que dire des costumes en adéquation avec le décor! Tout signifie, tout a un sens. Par exemple, la couleur dominante des séquences révèle subtilement les sentiments de Mei (ou sa place dans le récit), rôle superbement interprété par Zhang Ziyi. Le décor donne tantôt appui au scénario, tantôt crée un contraste. Sur le registre symbolique, le réalisateur ne cesse de distiller des clés d'orientation.

Peu à peu la grande histoire s'estompe au profit du développement de la relation triangulaire Mei-Jin-Leo. Et les intentions du réalisateur sont claires: ""Pour moi, ce film n'est pas un film d'arts martiaux ordinaire. C'est une histoire d'amour sertie dans un film d'action."" Elle est même traitée à la façon des tragédies classiques. La relation triangulaire est un thème usé, mais elle est à lire, ici, au travers des combats wuxia, qui prennent de plus en plus d'ampleur et de densité pour arriver à un paroxysme étourdissant. Ceux-ci deviennent métaphore de ce qui se passe dans le cœur des amants: combats d'idéaux antagonistes, comme l'amour, le devoir, l'honneur, allant jusqu'au sacrifice. Combats et passions viendront échouer dans un champ de neige: une séquence finale où le décor immaculé va sublimer les ultimes corps à corps.

LE SECRET DES POIGNARDS VOLANTS est une grande épopée poétique signée par un Zhang Yimou en état de grâce. Un dépaysement émouvant, un bonheur pour les yeux."

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