L'édito de Adèle Morerod - Histoire(s) de cinéma

Le 29 août 2020

Alors que la rentrée annonce définitivement la fin de l’été, le cinéma semble bien décidé à jeter un regard en arrière. Face à la situation encore incertaine des salles et des festivals, les mois à venir n’offrent guère de perspectives claires. Est-il étonnant dès lors que le rapport à l’histoire, la nôtre comme celle du cinéma, imprègne bon nombre des films qu’il nous a été donné de voir?

Cela se fait parfois à rebrousse-poil pour le spectateur, comme dans Les Plus belles années d’une vie, prolongement inane de la romance du Un homme et une femme de Claude Lelouch, qui donne envie de fuir à toute vitesse dans les années 60, vers l’original. Plus subtile dans l’exploration des passés intimes, The Roads Not Taken rappelle, si besoin était, que Sally Potter fait partie des réalisatrices qui ne déçoivent jamais.

Très doué pour se penser, le cinéma interroge aussi sa propre histoire. Dans Dawson City: Le temps suspendu, documentaire surprenant de Bill Morrison, elle se conjugue avec la petite histoire d’une ville minière, dont le principal trésor se révèlent être les archives filmiques exhumées de ses terres. Une belle réflexion sur les disparitions et redécouvertes inattendues qui font ou défont l’histoire du cinéma.

Aux classiques - et moins classiques - qui ont subsisté, Locarno a fait la part belle, dans sa version «physique». Les sélections tournées vers l’histoire du festival ou du 7e art en général ont ainsi permis de revoir Charles mort ou vif et Yeleen, d’honorer Ennio Morricone et de donner ses lettres de noblesse à la série B. Une invitation à (contrairement aux intentions de Gustave Kervern et Benoît Delépine) ne pas Effacer l’historique.

Adèle Morerod