L'édito de Sabrina Schwob - Figures féminines

Le 08 décembre 2021

Un grand nombre des films présentés dans ce numéro a pour protagonistes des personnages féminins. Longtemps centrales dans le mélodrame, elles ont depuis évolué dans bien des genres. En disant ça, rien n’est encore dit bien sûr. Il s’agit avant tout de saisir la manière dont elles sont appréhendées.

Dans Encanto, bien que la petite Mirabel en soit la figure centrale et qu’elle ait la responsabilité de préserver les pouvoirs magiques de la famille, aucun discours particulier sur sa perception du monde en tant que fille n’est proposé.

Les Choses humaines confronte deux attitudes possibles face à la domination masculine, l’une l’acceptant, l’autre la refusant. Mila, 17 ans, incarne cette deuxième tendance, en portant plainte pour viol. Malgré le caractère inaudible de sa parole pour certains et la durée du procès, elle n’en finira pas de lutter. De la même manière que Mora, qui elle aussi refuse la place qui lui est réservée, dans la belle fable contée dans Zahorí, choisissant, envers et contre tous, de poursuivre son rêve de devenir une gaucha.

Dans Les Nouvelles Èves, ce sont six femmes à l’âge et au parcours variés qui sont suivies dans leur quotidien et qui s’expriment autour de thématiques actuelles. Par cette démarche, le documentaire, en plus d’être conçu par six réalisatrices, offre un récit par les femmes elles-mêmes en prise avec la société contemporaine.

Almodóvar, avec son dernier long métrage Madres paralelas, recourt, comme souvent, à des motifs du mélodrame (une femme qui élève seule son enfant), sans pour autant sombrer dans le pathos. Il choisit d’éclairer des femmes fortes, qui ne subissent en rien leur destin, bien qu’elles soient délaissées, pour l’une d’entre elles du moins, par le père.

Dans Les Amours d’Anaïs et Julie (en 12 chapitres), sortis en salle ces derniers mois, comme dans Playlist - à découvrir dès le début du mois au CityClub, et dès le 15 décembre dans Ciné-Feuilles -, aucune lutte explicite. Des femmes proches de la trentaine, qui, au gré d’amours plus ou moins infructueux, plus ou moins durables, traversent sans drame, l’avortement, voient dans l’amour le lieu d’une utopie, peinent à s’épanouir au travail. Un nouveau type de personnages semble émaner ainsi, donnant à appréhender le quotidien du point de vue de femmes en quête d’elles-mêmes.