Entretien: Astrid Rondero

Le 11 décembre 2024

Hijo de Sicario d’Astrid Rondero et Fernanda Valadez, qui a obtenu le Grand Jury Prize à la dernière édition du Sundance Film Festival, se place à contre-courant de la glamourisation des autres films qui traitent de la violence du narcotrafic au Mexique. Les deux cinéastes mexicaines neutralisent le sensationnalisme des guerres de la drogue, tout en soulevant la question du déterminisme et du libre arbitre. Avec la sensibilité et la poésie d’un film d’art et d’essai, elles proposent le portrait d’un jeune Mexicain qui lutte pour s’émanciper de l’héritage paternel de la violence et d’un destin qui semblait tout tracé. Rencontre avec Astrid Rondero, dans le cadre du Festival FILMAR en América Latina.

D’où vient votre décision de devenir cinéaste?

Nous sommes deux réalisatrices et la décision a été assez différente pour chacune de nous. En ce qui me concerne, ma grand-mère était pianiste, et mon grand-père, cinéphile. Il aimait particulièrement l’art. Enfant, je regardais beaucoup de films. Je ne sais pas, c’est un mélange de beaucoup de choses. Très tôt, j’ai su que je voulais être cinéaste. Mais je pense que le jour où j’ai découvert The Piano de Jane Campion [1993], ma décision s’est confirmée. Ce fut une révélation. Peut-être que sur le moment, je n’avais pas totalement saisi la puissance qui se dégageait du film. Mais plus tard j’en ai vraiment eu conscience.

Avec Los días más oscuros de nosotras (2017), Sin señas particulares (2020) et Hijo de Sicario (2024), cela fait environ quinze ans que vous travaillez avec Fernanda Valadez, une autre réalisatrice mexicaine. Pourriez-vous me dire le point de départ de votre collaboration?

Il y a deux écoles principales de cinéma au Mexique. Une, d’où je viens, est la Escuela Nacional de Artes Cinematográficas UNAM [Universidad Nacional Autónoma de México]. Celle où Sujo, le protagoniste de Hijo de Sicario, désire suivre les cours de littérature. L’autre, où a étudié Fernanda, est le Centro de Capacitación Cinematográfica de Mexico [CCC]. À l’âge de 18 ans, j’étais déjà dans une école de cinéma. Ce qui n’est pas courant. Parce que la plupart des gens ont eu une carrière précédente, ce qui est le cas pour Fernanda qui a étudié la philosophie avant de devenir cinéaste. J’y suis entrée immédiatement après le lycée, mais cela m’a pris du temps pour me sentir assez mature et commencer à créer des films. Lorsque j’ai dû réaliser mon travail de thèse, j’étais à la recherche de quelqu’un pour superviser le script. C’est à ce moment-là que j’ai rencontré Fernanda. Elle possédait une formation cinématographique moins étendue, mais j’ai immédiatement connecté avec elle. Elle m’a beaucoup aidée dans ce projet. Je me suis vite sentie en sécurité en sa compagnie. Elle est vraiment intelligente et sait comment réaliser des films à sa manière. Elle est d’ailleurs devenue productrice de mon film de thèse. Et depuis, nous n’avons jamais cessé de travailler ensemble.

Quel était votre film de thèse? Un court métrage?

Oui, c’était un court métrage, En aguas quietas [«Eaux calmes», 2011]. Il vient de l’idée que les eaux calmes peuvent être profondes. Mais c’est aussi un jeu de mots en espagnol. «En aguas» signifie «jupons de femme». Et c’est d’ailleurs le nom de notre maison de production: EnAguas.

Comment débute un projet collectif de film avec Fernanda Valadez? Du point de vue de la réalisation, la production ou de l’écriture des scénarios.

Que ce soit dans nos projets personnels ou collectifs, nous avons toujours eu une manière assez identique de travailler. Nous décidons ensemble de qui s’occupe de quoi. Mais c’est souvent le thème du film qui va déterminer qui sera la réalisatrice ou la productrice. C’est une conversation continue, du début à la fin. Dans le cas de Hijo de Sicario, l’équipe de tournage et la directrice de photographie étaient plus jeunes que nous, ce qui était inhabituel. Cela a renforcé notre besoin de dialoguer constamment. En fait, notre équipe a vraiment grandi avec notre projet.

Est-ce que cette méthode de travail vous aide à mieux vous focaliser dans vos rôles respectifs?

Disons que si je suis la réalisatrice, je m’occupe de la production différemment, et vice versa. Mais quel que soit le rôle que nous avons, nous regardons les rushes ensemble, ou nous nous asseyons toutes les deux avec les acteurs et actrices pour analyser les scènes ensemble, par exemple. Ce processus est autant crucial pour Fernanda que pour moi. Avec Sin señas particulares [2020], notre film précédent, nous avions rencontré une femme de la maison de distribution Kino Lorber, et qui avait amené ce film aux États-Unis. Cette année, Fernanda et moi étions au Sundance Film Festival car ils avaient acheté Hijo de Sicario. Là-bas, nous avons revu cette femme, et avons commencé une discussion avec elle. À un certain moment, elle nous a dit qu’elle trouvait que la collaboration qui existe entre Fernanda et moi était très créative, et surtout distincte des autres collaborations du même genre. C’est-à-dire, deux personnes qui travaillent à la fois dans la réalisation et la production. Elle nous a donc demandé si nous étions d’accord que nos deux noms soient inscrits dans la réalisation pour Hijo de Sicario, lors de la première projection américaine. Nous avons trouvé cette proposition formidable. Elle a ajouté que pour notre carrière, ce serait plus stratégique de présenter nos deux noms en tant que réalisatrices pour nos prochains films. Cela a été le meilleur conseil qu’on nous ait donné.

Il est vrai que seul votre nom apparaît en tant que réalisatrice pour Los días más oscuros de nosotras [2017] et celui de Fernanda Valadez pour Sin señas particulares.

Exactement.

Vos trois films abordent des thèmes communs: les dommages collatéraux et les conséquences de l’extrême violence des cartels de la drogue. Ils traitent également des passeurs de la migration clandestine, de la traite des humains (prostitution, recrutement forcé d’enfants), les disparitions et féminicides. À travers votre cinéma, vous saisissez par la racine la question de cette violence majoritairement masculine. Peut-on dès lors envisager vos films comme des propositions voire des «outils» pour tenter de l’endiguer?

Oui, je le pense. Mais la question essentielle est de savoir si un film peut contribuer à un changement. Dans notre précédente expérience, avec Sin señas particulares, nous nous sommes vite aperçues que nous pouvions être des facteurs de changement à travers le cinéma. Soit à l’interne, en travaillant avec notre équipe. Soit en initiant une conversation avec le public. C’est important. Au Mexique, nous sommes tous très conscients de la violence dans laquelle nous vivons. Mais nous ne discutons jamais de ce que le gouvernement ou la société peut faire pour l’endiguer. Par exemple, Sin señas particulares traitait du recrutement forcé des enfants, et à cette période, aucun cinéaste n’avait réalisé un film qui abordait l’expérience des mères qui recherchaient leurs enfants. C’est une expérience très dure. C’est une crise humanitaire terrible. Notre film est devenu un outil important pour ces femmes. Certaines sont devenues plus tard des activistes. Elles aident maintenant d’autres familles. Il faut savoir qu’il existe beaucoup d’associations pour la recherche des enfants enrôlés de force. Avec Hijo de Sicario, nous abordons également un sujet difficile: les orphelins au Mexique. C’est un autre thème important qui n’est presque pas abordé. Il existe un grand nombre d’orphelins à cause de la violence du narcotrafic. Ce dernier film est donc une autre façon d’initier une discussion.

Hijo de Sicario place la question de la violence non plus du point de vue des cartels, mais des victimes collatérales.

Oui. Et c’est ce qui se passe au Mexique. Nous nous focalisons trop sur les cartels et nous ne voyons pas les dommages collatéraux de cette violence. Cela fait plus de vingt ans que nous sommes confrontés aux guerres de la drogue. Il y a donc deux générations d’enfants, qui entre-temps, sont devenus des adultes. C’est une problématique à la fois gouvernementale et sociétale. Où sont tous ces enfants?

L’importance est d’initier un réseau de solidarité à partir de notre entourage, et l’agrandir peu à peu au fil des rencontres et des personnes.

Totalement! Quand nous avions projeté notre film au Mexique, il y a eu beaucoup de monde qui s’est senti connecté à cette idée. Dans les grandes villes, il existe énormément de migration interne. Des gens qui ont quitté leur village car trop dangereux. Notre film sensibilise ce public-là aussi. Nous croisons tellement de victimes de cette violence. Il est crucial que chacun de nous se pose la question de comment contribuer à améliorer cette situation.

La violence, bien que structurelle dans une société très patriarcale, existe non seulement envers les femmes mais également envers les hommes, surtout les jeunes. Ils sont vulnérables et peuvent rapidement devenir des victimes potentielles des cartels. C’est ce que met Hijo de Sicario en lumière.

Absolument. Au Mexique, il y a beaucoup de violence envers les femmes. La violence de genre. Mais Fernanda et moi nous ne voulions pas parler de cela spécifiquement, mais plus sur le fait que les jeunes garçons sont très vulnérables pour les organisations criminelles. En fait, il existe un phénomène que nous observons depuis la dernière génération: les cartels de la drogue ont d’une certaine manière gagné une guerre culturelle. C’est-à-dire, que dans certaines régions, faire partie d’un gang est quelque chose d’enviable. Nous voulions donc parler de comment être un jeune garçon qui grandit dans un tel environnement. Un autre aspect important à retenir - et cela se passe beaucoup dans les zones rurales - est l’absence des hommes. Ils ne sont plus là parce ce qu’ils travaillent pour les cartels. Ainsi, la plupart de ces zones sont donc structurées par la présence des femmes. De là se pose forcément la question de savoir comment, en tant que femmes, informer les garçons et les jeunes hommes des dangers d’appartenir à un cartel.

Josué, le père de Sujo, Sujo et Nemesia (figure mythologique, une déesse grecque qui personnifie la vengeance divine), portent des noms très symboliques. Quelle en est la raison?

Une des raisons est le fait que la plupart des noms des victimes demeurent anonymes. Leurs noms sont uniquement liés soit par le nombre, soit par le nom des cartels. D’une certaine manière les cartels effacent leur identité. Fernanda et moi voulions souligner le fait que le destin de ces victimes est plus important que la violence. Et donc, Sujo signifie l’espoir, la liberté. Nous voulions jouer avec cela. D’ailleurs son père perd son identité pour devenir «Ocho» (huit).

Ce qui est intéressant est que le titre original de votre film est Sujo. Son titre international, Hijo de Sicario, avec le «s» majuscule de «sicario» (tueur à gages). Ce qui confirme ce que vous venez de dire, l’annihilation du prénom.

Exactement. La décision de chaque maison de distribution se base sur ce qui leur semble le plus adéquat. Je ne les ai pas choisis, mais ce que j’aime avec ces titres, c’est qu’ils relèvent de la question du préjudice. Et notre film «travaille» en quelque sorte sur les préjugés du public. Il veut mobiliser son attention et ses réflexions. En voyant le film, le public pense que le protagoniste ne va pas s’en sortir. Il est certainement persuadé qu’il va choisir le «mauvais chemin», ou ne va pas aller à l’école. Ce qui est étrange, car y aller, devrait être la chose la plus normale du monde. Et au Mexique, c’est tout le contraire.

Josué (qui signifie «Dieu sauve» en hébreu), un «sicario» surnommé «el Ocho» est tué par un clan rival. Pour rappel, plus le numéro est petit plus il est dangereux dans le système hiérarchique du gang. Bien que mort, son père est très présent à travers les souvenirs, les rêves et les objets, tels que la voiture. Pourtant la figure du père est ambivalente, à la fois biblique mais aussi très violente. Le fait que Sujo et Josué adultes aient le même visage, joué par le même acteur, est-ce une manière de dire que malgré un même héritage génétique et culturel, deux destinées peuvent être différentes?

Oui. L’idée de choisir un même acteur, Juan Jesús Varela pour ces deux rôles, était pour nous un point narratif qui accentuait la question du déterminisme: Sujo deviendra probablement comme son père, il n’a pas d’autre destin. C’est pour cela que la figure du père est très ambivalente, comme vous le dites. Les gens lui diront: tu ressembles tellement à ton père, etc. Ce que nous voulions dire aussi, à travers notre film, est que Josué, avant de devenir un être violent, était un enfant innocent et un père aimant. Il est important d’humaniser ces figures de la violence. Avec Sin señas particulares, nous voulions rappeler au public que ces «sicarios» ont la plupart été des jeunes garçons recrutés de force. Certains n’ont pas d’autre choix, par manque d’opportunités.

Votre film possède donc un caractère mystique, une forme de réalisme magique qui s’exprime également par une très belle cinématographie qui mêle sur un mode égalitaire, les arbres, les animaux, les astres et les humains. Comme Tótem, réalisé par la cinéaste mexicaine Lila Avilés. Pourriez-vous nous en dire plus?

Je crois que c’est dû au fait que notre film traite du passage d’un garçon à l’âge adulte. Mais aussi, il ne faut pas oublier que dans toutes ces régions reculées la nature est incroyablement belle. Elles sont pauvres matériellement mais pas en faune et en flore. Nous avons un lien fort avec la nature, et qui n’est pas basé sur le matériel. Pour Fernanda et moi, c’était important de représenter un être qui possédait justement ce lien. Sa tante Nemesia contribue beaucoup à ce rapport avec la nature. Elle est la personnification de ce mysticisme qui existe au Mexique. Dans le film, la nature protège et nourrit Sujo. Ce qui nous frappe, Fernanda et moi, est le contraste entre la beauté sublime de la nature et les terribles tragédies engendrées par la violence.

Hijo de Sicario est constitué en quatre parties. D'où vient le choix de cette construction narrative?

J’ai beaucoup lu de romans qui traitent de la réalité de jeunes garçons liée au processus de passage à l’âge adulte. Un type de roman similaire à David Copperfield de Charles Dickens. À la fin du XIXe siècle, il y avait un certain nombre de livres sur les enfants orphelins. Je suis très sensible à ces récits car à travers leurs yeux je peux comprendre leur vision du monde, et percevoir l’espoir le plus vif qu’ils nourrissent à ce moment face à leur destin. J’aime bien analyser et comprendre tout cela. Fernanda et moi désirions montrer le monde du point de vue de Sujo. Les quatre parties du film représentent les moments cruciaux qui vont former sa vie, à travers son père, ses cousins, sa tante et sa professeure de littérature. Ce n’est pas la structure cinématographique de la série qui a déterminé cette construction narrative, mais bien l’influence littéraire de ces romans.

Certains passages de votre film articulent bien ce désir de représentation et de perception du monde à travers les yeux de Sujo jeune garçon. Que ce soit par les cadrages, la position de la caméra placée à sa hauteur et les séquences de rêves.

Oui, tout à fait. Mais au fur et à mesure que les parties changent, l’expérience de son monde évolue. Par exemple, la partie «Nemesia» est plus mystique. Au regard de Sujo, elle ressemble presque à une sorcière. Celle où il se trouve à Mexico City, c’est un autre scénario. En fait, ce sont surtout les énergies qui changent, pas son point de vue.

Sujo est dépeint comme un être exceptionnel car il fait tout pour s’émanciper d’un destin qui semblait tout tracé, et fuir ainsi une vie faite de violence. La fin de votre film est d’ailleurs très lumineuse. En quoi le personnage principal représente-t-il ou pas la jeune génération mexicaine?

Au Mexique nous avons de très grands espoirs. Même dans les plus terribles situations, nous avons cette capacité d’essayer d’être heureux. Je pense que le film représente cela. Nous subissons beaucoup, mais nous sommes capables de traverser les nuits les plus sombres pour atteindre la lumière du jour. Hijo de Sicario parle aussi de cette peur de l’héritage de la violence à cause des cartels. Tous les Mexicains en sont très conscients. Ce qui est étrange, car nous n’avons pas beaucoup d’addictions. Ce qui n’empêche pas de nous entre-tuer.

Dans Hijo de Sicario, cette violence est principalement exprimée en hors champ. Un choix visuel qui se distance des films qui traitent du narcotrafic ou des figures emblématiques des cartels de la drogue. Est-ce pour ne pas nourrir encore plus cette dimension «glamour» de la violence? Si présente au cinéma ou dans la musique très populaire des «narcocorridos» qui fait l’apologie des trafiquants de drogue et de leurs crimes.

Absolument. Cette glamourisation qui transforme ces tragédies en spectacle n’aide pas du tout. Mais comme vous dites, plus qu’un choix esthétique, c’est une question éthique. Cela a à voir avec la manière dont nous devenons adultes. Ces cartels mettent en scène cette violence, et nous les Mexicains devons vivre avec ces images d’horreur des corps dépecés et de sang. Et en fait, tout cela empêche de nous saisir de notre humanité. Nous voulons à travers nos films nous focaliser ailleurs.

Quelque part dans l’Etat du Michoacán, Sujo grandit, entouré et protégé par des femmes. Sa tante Nemesia et Rosalia. Plus tard, il sera «guidé» par Susan, une professeure de littérature de l’université de la ville de Mexico. Votre film confronte ainsi deux réalités en opposition, masculine et féminine. Était-ce une manière d’articuler les thèmes du déterminisme (le monde des hommes, la violence et le narcotrafic) et du libre arbitre (le monde des femmes, la résistance et l’éducation)?

C’est intéressant. Je n’ai pas envisagé mon film de cette manière, et je comprends qu’il puisse paraître comme cela. Nous n’avons pas voulu dire que le danger vient uniquement des hommes, mais dans le contexte des cartels, ils contribuent à cette violence, en recrutant de force des jeunes garçons par exemple. Bien sûr qu’il y a des femmes «sicarias», mais il en existe très peu. En fait, le destin de Sujo est en quelque sorte déterminé par son genre biologique et par son père. Il doit devenir un futur «sicario». Oui, cette opportunité d’aller à l’université (ce qui devrait être normal, mais qui ne l’est pas) vient d’une femme. Nous voulions que Sujo soit spécial, mais pas «extraordinaire». Il n’est pas un enfant doué. Il veut juste aller à l’école. En fait, il est spécial pour d’autres raisons que celles scolaires. Il y a beaucoup d’enfants dans les milieux ruraux qui veulent aller à l’école, car c’est un environnement où ils peuvent jouer avec d’autres enfants.

Un lieu où ils peuvent vraiment être des enfants.

Exactement! Ils peuvent être des enfants, et ne pas travailler dans les champs ou pour les cartels.

Votre cinéma met en premier plan des figures de femmes qui tentent de comprendre, de questionner et de renverser le cercle vicieux de la violence générée par les cartels du narcotrafic et autres activités criminelles. Cette violence doit être mise en lien avec des facteurs économiques (grande pauvreté, disparités sociales, accès difficile à l’éducation), la gestion gouvernementale et la corruption à grande échelle. Êtes-vous optimiste quant à la présidence de Claudia Sheinbaum?

Bien sûr, en tant que femme c’est très important que nous ayons une femme comme présidente. La première de l’Histoire du Mexique. Nous vivons dans un pays où onze femmes par heure sont tuées par la violence de genre. Par cet aspect-là, je garde beaucoup d’espoir. J’espère surtout que la perception des hommes sur les femmes change enfin. Particulièrement sur les femmes de pouvoir, comme Sheinbaum. Le problème est qu’elle a dit qu’elle continuera la politique de son prédécesseur [Andrés Manuel López Obrador], et il n’a pas fait grand-chose sur ce problème de la violence. En fait, sous sa présidence, le nombre de victimes tuées ou disparues avait même augmenté.

Pour conclure, quel est votre prochain projet?

Pour la première fois, Fernanda et moi sommes en train de réaliser un film à Mexico City, et qui est cofinancé par le Festival de San Sebastián [Espagne]. Le sujet abordera les victimes de catastrophes naturelles, comme les tremblements de terre ou ouragans. Et nous préparons un autre film en anglais. Nous avons donc deux projets en cours.

Propos recueillis et traduits de l’anglais et de l’espagnol par Kim Figuerola