L'édito de Philippe Thonney - Un film à éviter...

Le 16 avril 2015

La sortie imminente de Robin des bois, la véritable histoire, un film particulièrement effarant et fort éloigné de toute notion de bon goût ou d'intelligence, va porter un coup fatal à la noblesse du 7ème art. Un film qui ne fait pas partie du monde des nanars, qui sont parfois fort sympathiques, mais fait pénétrer de plein pied dans la catégorie des films scandaleux.

Un long-métrage malheureusement représentatif d’une certaine mode actuelle.

Ecrit, dialogué, interprété et co-mis en scène par Max Boublil, devenu, comme d'autres avant lui, une idole auprès des adolescents pour avoir fait un buzz sur internet qui l’a conduit au one-man show, et qui se prend maintenant pour un scénariste et un réalisateur. Etant à l'origine du projet, il a évidemment pris soin de se réserver le beau rôle. Enfin, façon de parler, car ce film n'est qu'une succession de discours machos, de pauvres scènes sexistes, scatologiques ou racistes, censées passer grâce à l'humour soit-disant second degré. Robin des bois est ici un abruti vénal et menteur. Démystifier un mythe a parfois du bon, quand c’est fait avec une élémentaire dose de respect du public. Chabat avec son Astérix, Mel Brooks dans plusieurs de ses films, jusqu’au chef-d’œuvre d’invention, de drôlerie et d’intelligence que restera pour toujours Kaamelott. Mais on se demande vraiment ce qu’en retiendront les jeunes, public ciblé par Boublil et ses acolytes, en le voyant pousser pendant cinq minutes pour s’extraire une flèche qu’il a reçue dans l’arrière-train, ou en entendant son discours final bête et méchant sur les femmes que l’on peut aimer malgré leur extraordinaire laideur, qu’il balance en regardant dans les yeux la pauvre Géraldine Nakache, qu’on est très surpris de voir ici.

Bref, une projection qui ne nous donne rien d’autre qu’une furieuse envie de prendre une douche. Seront d'accord les nombreux spectateurs qui pensent que le cinéma, comme tous les arts d'ailleurs, est là pour émouvoir, interpeller, faire rire, détendre, provoquer la réflexion, et non constituer une tribune pour des stars du web, dans des numéros vulgaires et faciles, empreints d'autosatisfaction et de mercantilisme.

Philippe Thonney