L'édito de Adèle Morerod - Sous le flash(back) des appareils
Le 04 juin 2016
La saison des festivals est maintenant bien lancée, alors que Ciné-Feuilles se fait l’écho du 69e festival de Cannes et de la pluie de films qui en constitue encore le cœur, au delà des tapis rouges et des polémiques.Dans ces quelques lignes, ce ne sont toutefois ni les grands auteurs, ni les découvertes filmiques inattendues qui seront mises en valeur – voir sous Actualités – mais une sélection un peu à part, Cannes classiques, et en particulier une oeuvre, Die Letzte Chance, de Léopold Lindtberg, sorti en 1946.
Ce film tourné pendant la guerre questionnait en direct la position de la Suisse par rapport aux réfugiés juifs, en illustrant ce thème au travers du parcours de deux soldats évadés, l’un anglais, l’autre américain, qui se font passeurs. Sa restauration récente par la Cinémathèque suisse, sa présence à Cannes sont autant d’indices d’une actualité renouvelée et d’un impact fort, déjà reconnu à l’époque, qui avait touché même les Etats-Unis. Si un film peut nous parler par delà les années pour son sujet, il ne faudrait pas pour autant rejeter dans les limbes du passé tous ceux qui ne se voient pas offrir une seconde chance par répétition des événements historiques. De ces films qu’on s’entête à qualifier de « vieux », parce qu’ils sont en noir-blanc, parce qu’ils sont « plus bavards » ou « moins rythmés » que les productions actuelles, on ne doit jamais oublier qu’ils sont produits de leur époque. Les replacer par rapport à l’ici et maintenant n’est pas leur faire honneur ; c’est plutôt à nous, spectateurs, de faire le voyage jusqu’à eux.
Espérons que des programmations comme celles de Cannes classiques, des rétrospectives de Locarno ou de la Cinémathèque suisse, du Festival Lumière de Lyon et d’encore tant d’autres permettront d’effacer la distance entre nous et cette histoire du cinéma, pourtant si jeune.
Adèle Morerod