L'édito de Antoine Rochat - Où voir un film ? En salle ou chez soi ?

Le 05 mai 2016

Il y a 40 ans la réponse était simple : un film récent, c’était dans une salle de cinéma qu’on pouvait le voir, et pour (re)découvrir un «classique du 7e art» les cinéphiles de l’époque devaient avoir les yeux bien ouverts sur les programmes des ciné-clubs ou de la Cinémathèque suisse. Aujourd’hui les «classiques» que l’on peut voir chaque jour sur les chaînes TV sont légion.

Les temps ont changé. D’abord le nombre des sorties a crû de façon exponentielle : plus de 300 films par an en Romandie, plus de 700 en France… Plutôt que de parler d’une saine effervescence créatrice on évoquera une industrialisation accélérée du cinéma : les films tournent plus vite dans les salles, les sorties s’accompagnent de contraintes de rentabilité dans lesquelles la satisfaction du public  ne joue pas toujours un rôle déterminant.
De leur côté les canaux de diffusion se multiplient. Lorsqu’un film sort, on sait qu’on peut aller le voir en salle, mais on peut aussi, un peu plus tard, acheter le DVD et le regarder chez soi. Il est également possible de commander un film sur un des nombreux sites Internet à disposition, moyennant un prix d’abonnement minime. Un site américain propose, par exemple, pour moins de 10 euros par mois, un catalogue de plusieurs dizaines de milliers films et de séries à découvrir sur son écran TV, sur son ordinateur ou sa tablette.

Nouvelle approche : on peut aussi visionner à la demande un long métrage dans une salle de cinéma, en séance privée. Un site Internet spécialisé permet en effet à chacun de proposer le film de son choix dans une salle de Suisse romande. Grands classiques ou productions assez récentes, vous avez carte blanche : en quelques clics votre demande est publiée sur le site et dès que le nombre de participants est suffisant – c’est la seule contrainte - la séance peut avoir lieu. La formule est intéressante : on retrouve le plaisir du grand écran et la présence d’un public. Voir un film tout seul dans son salon, sur un écran TV, ou aller le voir «au cinéma», sont deux opérations distinctes. Dans une salle on ne se lève pas pour répondre au téléphone ou pour se servir à boire…

Tout cela pour rappeler que le visionnement d’un film comporte sans doute une composante sociale, une dimension collective. Une relation (inconsciente?) se tisse entre les spectateurs – amis ou inconnus – qui partagent les mêmes images, la même histoire, le même plaisir.

L’occasion pour Ciné-Feuilles de vous rappeler l’existence conviviale des ciné-clubs, en particulier celle, depuis 1961, du Cercle d’Etudes cinématographiques, à Lausanne et à Vevey, sans oublier bien sûr les projections de la Cinémathèque Suisse.

Antoine Rochat