L'édito de Antoine Rochat - Le cinéma, aujourd’hui, c’est quoi ? Et demain ?

Le 09 octobre 2015

Aujourd’hui on ne peut parler de cinéma qu’en fonction d’un lieu, d’un pays ou d’un continent. Aux Etats-Unis par exemple, le cinéma est une immense industrie qui inonde la planète entière de ses films. Une multitude de productions, dont une infime partie seulement (5 à 10%) est à l’origine de la quasi totalité des recettes.

En Chine, second marché cinématographique mondial, on dit que 15 salles de cinéma s’ouvrent chaque jour et que le public cherche avant tout la distraction, les gags visuels un peu exagérés ou les plaisanteries sur les différentes classes sociales. Pékin limite à une trentaine seulement les films étrangers autorisés à être projetés dans l’Empire du Milieu. Et ce sont ces trente films-là, essentiellement américains, qui réalisent, paraît-il, la moitié des entrées.

Et en Afrique ? Les différences sont notoires, certains pays ne connaissant presque plus de projections en salles de cinéma. Les amateurs de films doivent souvent se contenter de DVD. Le Nigeria, par exemple, produit sur ce support près de 700 films par an (comédies sentimentales, films d’horreur, polars, récits historiques). Dans d’autres pays africains il existe pourtant une petite production nationale, au Mali ou en Mauritanie (Timbuktu), en Ethiopie (Lamb), au Burkina Faso où, grâce au Festival annuel Fespaco, un public existe, à en croire le cinéaste Sékou Traoré (L’œil du cyclone): «Il y a maintenant des spectateurs qui sont prêts à se confronter aux vrais problèmes».

Un mot sur l’Amérique du Sud? La Mostra de Venise vient de décerner son Lion d’Or à Desde Allà (Venezuela) et son Lion d’Argent à El Clan (Argentine). Le Chili est aussi présent sur nos écrans avec Le Bouton de nacre. Et l’on pourrait encore s’arrêter en Russie (Leviathan), en Iran (Taxi Téhéran), ou en Inde, avec la grosse production de Bollywood!

Quid du cinéma de demain, direz-vous? Faisons un saut jusqu’en 2030, année où sort Alien vs Terminator et Predator X, avec Tom Cruise, Arnold Schwarzenegger, Orson Welles et Marilyn Monroe. Du délire? Pas si sûr: cette production hollywoodienne utilise les clones d’acteurs célèbres et des effets spéciaux numériques choisis dans un immense répertoire. Tout a été préparé uniquement en laboratoire, en quelques semaines, et le film est distribué sur tous les écrans du monde par fibre optique. Trois mois plus tard on pourra regarder Alien vs Terminator… chez soi ou sur un portable dernier cri. Tout passera par le câble, le DVD aura disparu…

En attendant ces jours-là, chers lecteurs, lisez Ciné-Feuilles, choisissez un bon film et lovez-vous dans les confortables fauteuils d’une salle de cinéma.

Antoine Rochat