L'édito de Serge Molla - Et si c’était à refaire ?

Le 22 septembre 2016

Actuellement, deux grosses productions proposent une nouvelle version de films qui défièrent le box office. Timur Bekmambetov propose la sixième version de Ben-Hur, alors que Les Sept mercenaires sont de retour. Donc, pas de doute, les remakes ont la côte. Toutefois, si les cas de figures semblent analogues, il en existe au moins cinq variantes.

1. Le remake supplée au manque total d’imagination et, pour faire illusion, on ajoute à une certaine époque les voix,  la couleur et, aujourd’hui, la 3D et des effets spéciaux. Ben Hur, dont nous laisserons le char se perdre dans la poussière, est ici exemplaire. Et ce ne sont pas les miracles finaux qui sauveront le film. D’ailleurs, même en Eglise, les miracles ne sauvent pas.
2. Il y a le sujet récurrent, « l’histoire sans fin ». Ainsi par exemple, celle de Jésus, qui est le sujet de plus de cinquante films et apparaît dans une multitude d’autres. Cela nous permet ici de retrouver Ben Hur, mais où Jésus – rassurez-vous – n’y conduit pas de char !
3. Il y a le remake style mille-feuilles ou plutôt hot-dog, vu l’indigestion menaçante, le nombre restreint de couches et l’origine du produit. Pour exemple, Les Sept nains ; non, ce n’est pas cela. Ce sont Les Sept mercenaires où Antoine Fuqua reprend le film éponyme (1960) de John Sturges, qui transposa Les Sept Samouraïs (1954), chef-d’œuvre d’Akira Kurosawa.  Le deuxième film avait au moins l’avantage d’une traduction culturelle, alors que le dernier…
4. Il y a le « remade in USA » qui se doit de reprendre un  film  étranger pour le rendre recevable et compréhensible ! Ce processus laisse songeur quant à l’ouverture d’une part du public cible. Et la plupart du temps, ladite version perd en subtilité. Si vous en doutez, comparez pour en être convaincu Dans ses yeux (2009) de José Campanella et Aux yeux de tous (2016) de Billy Ray !
5. Il y a enfin – rare – le remake copie conforme. C’est le cas du Psychose (1998) de Gus van Sant, qui a retourné plan par plan le chef-d’œuvre hitchcockien de  1960,  en couleur et, bien entendu, avec de nouveaux acteurs. Cet exercice de style est analogue à celui du peintre qui apprend son art en copiant un tableau de maître. Toutefois, n’est-il pas curieux  est que l’exercice soit présenté publiquement et fasse alors partie de la filmographie dudit réalisateur ?
Si Hollywood se demande si c’est à refaire, interrogeons-nous donc si c’est à revoir !

serge molla