L'édito de Daniel Grivel - Et Dieu, dans tout ça ?

Le 19 décembre 2012

On connaît la question rituelle, posée par l’intervieweur qui veut être pris - ou qui se prend - au sérieux…

Elle m’a titillé face au déploiement publicitaire colossal qui a précédé l’apparition sur les écrans du nouvel opus de Peter Jackson, LE HOBBIT: UN VOYAGE INATTENDU. Inattendue, la promotion tous azimuts du film ne l’était pas. Une production de 500 millions de dollars autorise quelques fantaisies (!) en la matière.

Si je m’interroge sur la présence de Dieu, c’est parce que J. R. R. Tolkien, père du Hobbit et du Seigneur des anneaux, était issu d’une famille chrétienne, d’un père anglican et d’une mère convertie au catholicisme romain (il a été élevé dans cette confession), et qu’il a été très lié à d’autres écrivains «religieux» tels que C. S. Lewis et G. K. Chesterton. S’il s’est passionné pour les mythologies germaniques, nordiques et anglo-saxonnes, il est resté très préoccupé par le problème du Mal. «Bilbo le Hobbit», conte pour enfants, est paru en 1937 (sa traduction française n’a été publiée qu’à la fin des années 60), alors que le national-socialisme allemand approchait de son apogée; «Le Seigneur des anneaux» est sorti entre 1954 et 1955, soit dix ans après la Seconde Guerre mondiale et son cortège de morts et de destructions.

Or, la dimension morale est quasiment absente du film de Jackson - tout comme des NARNIA... Rien d’étonnant lorsqu’on constate qu’UN VOYAGE INATTENDU est dévolu à près de quatre cinquièmes aux effets spéciaux. Poudre de Perlimpinpin, images (même si elles sont 48 par seconde) plus éblouissantes qu’éclairantes, on est bien loin de la poésie du distingué philologue que fut Tolkien.

La dernière image du film, qui annonce une inévitable suite (par ici la monnaie!) est emblématique: alors que Bilbon le Hobbit et les nains ont retrouvé la porte d’entrée du royaume d’Erebor, le dragon Smaug, couvert par les monceaux d’or dont il raffole, en extrait le sommet de son crâne et entrouvre un œil méfiant. Peter Jackson et ses producteurs sont à l’affût. Pas sûr qu’ils continuent à décrocher le Jack...pot!

Daniel Grivel (CF 671)

La rédaction de CINÉ-FEUILLES souhaite la bienvenue à un nouveau collaborateur, Philippe Thonney. Né en 1976, il a obtenu en 2002 son diplôme d’acteur au Conservatoire de Lausanne, section d’art dramatique. Passionné de cinéma, il a rejoint l’équipe du Cercle d’études cinématographiques et participe aux présentations des films.