L'édito de - Émotion argentique ou numérique?

Le 25 septembre 2013

 Alors que l’analogique disparaît des écrans, Christian Iseli, documentariste chargé de cours à la Haute École d’art de Zurich et une équipe de chercheurs ont comparé l’impact émotionnel des images analogiques et numériques sur 356 spectateurs sélectionnés.

Ceux-ci ont été confrontés à des courts métrages tournés pour les besoins de l’étude, sans savoir si ces films avaient été réalisés en analogique ou en numérique. Chaque court métrage présentait exactement les mêmes séquences. Horizons, le magazine suisse de la recherche scientifique qui résume cette étude, relève que l’âge des spectateurs testés déterminait nettement leurs préférences. Les plus âgés ont préféré les images tournées en analogique, alors que les plus jeunes ont opté pour les films réalisés en numérique.

Choix nostalgique ou dû à la biologie liée au vieillissement pour les seniors ou choix culturel lié à l’habitude de voir depuis son plus jeune âge des films, notamment en 3D, d’une netteté parfaite grâce aux valeurs des couleurs calculées et tramées en fonction d’algorithmes? Les chercheurs n’ont pas pu définir le pourquoi de ces disparités de préférences entre générations. Mais il ressort clairement que le papillonnement et le léger flou de l’image analogique ont été préférés par les seniors à la netteté des images techniquement parfaites du numérique.

Nostalgie ou pas, la numérisation du cinéma est presque achevée en Suisse, qui permet de se passer du ronronnement des bobines de film 35 mm, de leurs coûteuses copies et de leur délicat entretien. Mais, honnêtement, la différence ne saute pas toujours aux yeux, d’autant plus si  le film nous a plongés dans des émotions fortes et de puissantes rêveries, en un mot, si le film a su nous parler de la vie, de l’humain, des autres avec vérité mais aussi poésie. Tout n’est après tout pas qu’affaire de luminosité et de grain!

Nicole Métral