L'édito de Daniel Grivel - Bond pour le service...

Le 21 novembre 2012

Comme dit le proverbe, on n’apporte pas de l’eau au lac. Il ne faudrait donc pas parler - encore - de SKYFALL, vingt-troisième volet cinématographique des aventures de l’agent 007: les producteurs et les médias s’en sont plus que largement chargés, et la symphonie, plutôt qu’aux cordes, a recouru au fil blanc et à la grosse caisse (normal lorsqu’il s’agit d’engranger de gros sous...) Le résultat est là.

Après une préparation soignée du terrain par l’artillerie, le fantassin de sa Gracieuse Majesté, avec son permis de tuer, a facilement conquis un vaste public. Le démarrage du film aux Etats-Unis comme en Europe a été fulgurant; dans notre pays, où il est sorti le 27 octobre dernier, il a déjà attiré plus de 650’000 spectateurs - près de 10% de la population! Michael Haneke et AMOUR peuvent aller se rhabiller, avec quelque 15’000 entrées...

On le dit et on le répète, le cinéma, c’est du bizness. En paraphrasant les catcheurs des Frères Jacques, «faut qu’ça graine»! Et, à cet égard, James Bond est emblématique. Sur le plan de l’édition déjà, on s’est arrangé pour suppléer au décès de Ian Fleming, créateur du personnage et de ses satellites; en matière cinématographique, le produit est devenu une franchise juteuse (avant la sortie de SKYFALL, Sir James servait notamment à la promotion d’une bibine hollandaise). D’ailleurs, certains studios sont passés maîtres dans la commercialisation de produits dérivés - voir tout ce qui précède et accompagne la sortie de films d’animation pour enfants, avec poupées, figurines, jeux vidéo, trousses d’écoliers, que sais-je encore. Les marchands du temple n’infestent pas que les lieux saints...

Créé en 1953, l’agent secret reste inoxydable. Reconnaissons que son dernier avatar, incarné par un Daniel Craig moins poutinien que d’habitude, a regagné un zeste d’humanité, que ses failles dues à l’âge facilitent l’identification au personnage, et que les clins d’œil à quelques grands classiques font plaisir aux spectateurs qui avaient 14 ans en 1962. Sir James toujours Bond pour le service (et pour les producteurs)!...

Daniel Grivel (CF 669)