L'édito de Sabrina Schwob - Des festivals aux salles de cinéma

Le 31 mai 2018

Cependant que certains de nos rédacteurs ont suivi avec une attention méticuleuse et un regard critique la 71e édition du festival cannois, auquel un dossier spécial est donc consacré dans ce numéro, il me semblait intéressant de porter quelques réflexions sur la présence des films montrés en festival dans nos salles de cinéma.

Pour qu’un film d’un réalisateur peu connu acquière une visibilité, la sélection dans un festival est essentielle: par ce biais, il est susceptible d’obtenir une reconnaissance, nationale ou internationale; c’est ce qui prévaut notamment pour des cinématographies extra-occidentales. Pour ne prendre qu’un exemple, les films de Glauber Rocha auraient-ils la renommée qu’on leur connaît, si Deus e o Diabo na Terra do Sol (Le Dieu noir et le Diable blond) n’avait pas été retenu en sélection officielle au Festival de Cannes en 1964? De plus, l’indication de la sélection d’un film par un festival fait souvent office, pour le spectateur, de garantie de sa qualité.

Mais qu’en est-il des œuvres sélectionnées dans des sections parallèles à la compétition officielle? Malheureusement, toutes ne sont pas aussi prestigieuses qu’Un certain regard ou la Quinzaine des réalisateurs, qui s’imposent aujourd’hui comme de véritables labels… C’est ici qu’intervient principalement le rôle des distributeurs mais aussi des exploitants de salles de cinéma, quand un film échappe au regard de ces premiers.

Hojoom (Invasion) - voir CF nn. 790 et 786 sur Berlin -, œuvre magistrale, constituée d’un seul plan-séquence, a par exemple échappé aux mailles des distributeurs suisses, malgré sa sélection à la Berlinale 2018 et le succès du précédent film de son réalisateur Shahram Mokri, Fish and Cat (2013). On ne peut donc qu’adresser notre reconnaissance au cinéma Bellevaux d’avoir, malgré les difficultés, choisi de le projeter.

Nous profitons encore de ces quelques lignes, pour souhaiter la bienvenue à de nouveaux collaborateurs: Blaise Petitpierre, qui nous revient tout juste de Cannes et proposera désormais ses textes à chaque nouveau numéro de CINE-FEUILLES, mais aussi Christophe Pithon, Tom Bidou et Amandine Gachnang qui nous feront profiter ponctuellement de leur plume.

Sabrina Schwob