L'édito de Sabrina Schwob - Comme un soupçon de changement…

Le 10 juin 2019

Sous les projecteurs des médias, pendant plus de dix jours, l’incontournable Festival de Cannes, et son traditionnel lot de polémiques, notamment, lors de cette édition, par l'octroiement de la Palme d’or d’honneur à Alain Delon pour l’entier de sa carrière (alors que ses pourfendeurs dénoncent son homophobie, son racisme et sa misogynie), son lot de déception - avec un Almodóvar qui repart bredouille, sans Palme d’or, encore une fois - et ses invités habituels, entre autres les frères Dardenne, Dolan, Kechiche, et bien sûr Bong Joon-ho le grand lauréat. Cependant, ce lieu de consécration ultime dans la carrière des acteurs du monde du cinéma ne célèbre pas seulement des idoles, mais en propulse de potentielles sous les projecteurs, en sélectionnant par exemple le film de deux comédiennes désormais réalisatrices, Monia Chokri et Hafsia Herzi, certes respectivement connues pour avoir joué avec Dolan et Kechiche.

Mais cette année à Cannes, la nouveauté s’exprime également par son intégration du cinéma de genre avec The Dead Don’t Die en ouverture du festival, cinéma d’auteur malgré tout, puisque c'est Jarmusch derrière la caméra, ou The Lighthouse, film d’horreur quelque peu douteux, de Robert Eggers avec Willem Dafoe et Robert Pattinson en têtes d’affiche. Nous en profitons pour remercier Jeanne Rohner et Serge Molla qui ont couvert le festival pour Ciné-Feuilles, ainsi que Kevin Pereira et Chloé Battisti pour leur contribution.

Si les festivals, du moins ceux d’une certaine notoriété, peuvent nous conduire à reconsidérer ce qu’est le cinéma en retenant dans leur programmation des films de genre, des films produits par Netflix (comme à Venise) ou des séries (comme à Berlin, bien que dans une sélection parallèle), la critique a elle aussi, peut-être, son rôle à jouer. Pour cette raison Ciné-Feuilles proposera désormais des critiques de séries également, avec un premier article dans ce numéro de Noé Maggetti sur Sex Education. La critique ne devrait-elle pas en effet tenir compte des pratiques dominantes de visionnement actuelles ?