Clips musicaux et courts métrages au TFFL 2020

Le 24 septembre 2020

Le jeune et dynamique festival lausannois mélangeant musique et cinéma est de retour! Avec une rétrospective dédiée aux Band Movies, films mettant en scène des groupes de musique réels ou fictifs, le Tourne-Films Festival Lausanne (TFFL) présente aussi une sélection actuelle et internationale de clips musicaux et courts métrages pour sa compétition.


C’est donc parmi quatre productions de chaque format que le Jury - composé notamment de deux membres de Ciné-Feuilles! - devra choisir. Pour ce qui est des clips musicaux, la sélection est on ne peut plus variée, autant au niveau musical qu’esthétique. Dans l’ordre d’apparition, Two Old Stones du groupe suisse Paradisco ouvre le bal avec le largage d’une multitude de billes colorées, le collage d’yeux en plastique sur le visage du personnage principal, et l’utilisation créative d’une perche à selfie. Sur fond d’électro-pop, l’image est absurde, improbable, colorée, et ça marche! Ces trois adjectifs s’appliquent également à Baloje de Solo Ansamblis (Lituanie), dont la mélodie tend cette fois-ci davantage vers la post-punk/electronic/sad dance, pour reprendre leur propre terminologie. Des personnages difformes, presque monstrueux, vêtus de cuir rouge se meuvent devant un fond de studio jaune, avant de partager l’écran avec des images de dauphins en aquarium et de mimer sur la terre ferme les mouvements des cétacés captifs. Un sentiment d’inquiétante étrangeté se dégage de ce clip qui passe de dessins style comics américains à des bouts de chorégraphies surprenantes voir effrayantes. Heureusement, c’est un retour en terrain un peu plus connu avec la rappeuse électro hip-hop suisse Muthoni Drummer Queen et son clip Power, dont une partie se passe très probablement à Nairobi, ville natale de l’artiste. Les multiples tenues colorées et très stylisées de la chanteuse montrent toutes une femme forte, qui en impose. Et c’est bien le message qu’elle veut faire passer en anglais et en swahili: le pouvoir doit davantage revenir aux femmes qui font bien plus que ce qui leur est crédité. Pour avoir reçu un prix aux Swiss Music Awards 2020 et chanté au Montreux Jazz Festival en 2017, la féministe et reine de la batterie est très clairement une artiste à suivre! Le dernier clip est celui du groupe Lucky Chops, Traveler, et il s’agit véritablement d’un voyage dans lequel le public est embarqué: un univers très saturé qui mélange décors en carton-pâte et animations d’images numériques dans une ambiance carnavalesque, semi-Alice au pays des merveilles sous drogues, et semi-rêves felliniens. Le groupe allemand s’est formé à New York en 2006 et propose des sons de fanfare funk, aux cuivres bien trempés et en met plein les yeux et les oreilles.


Nous en arrivons aux courts métrages, également au nombre de quatre, et dans lesquels la musique joue un rôle important, narrativement ou formellement. Dans On The Imperfection Of The Geological Record, un groupe de musiciens a perdu un de ses membres à la suite du concert qu’ils viennent de donner. Ils passent leur soirée à essayer de se rappeler à quoi ressemblait le bassiste disparu, proposant ainsi un scénario qui ne tient pas vraiment la route. L’esthétique noir-blanc n’ajoute pas grand-chose, et ce court s’avère quelque peu fade, tout comme This Was Berlin, de la Suissesse Valentina d’Annunzio. Des plans déjà vus mille fois de la capitale allemande sont montés en noir et blanc à la façon d’un film expérimental. La musique est également une sorte de maelström passant de l’électro, à la guitare classique, avec quelques références à Pink Floyd par-ci, par-là. Il ne manque qu’une image de Currywurst baignant dans du ketchup pour combler ce tableau peu intéressant. La mayonnaise ne prend décidément pas, contrairement à Times, de l’Américaine Anya Semenova, qui malheureusement ne dure que deux minutes! Une femme loupe le métro à la station de Times Square, s’achète le New York Times, et se retrouve à faire un voyage dans le temps. Ce dernier est justement marqué par un changement de style mélodique bien trouvé, sur une image léchée aux jolis effets de flous en profondeur de champ. Un seul reproche: c’est trop court! Enfin, pour le dernier court métrage, c’est avec réjouissance que le festival a pu accueillir la jeune réalisatrice italienne sur scène suite à la projection: Alice De Falco a réalisé et a joué dans son film, entièrement tourné en Super 8. Elle explique avoir reçu une caméra pour Noël, est partie en vacances quelque temps plus tard, et a bricolé une série de plans avec son amoureux. Taking Coco Bongo s’amuse alors à détourner les codes du film de vacances avec des intertitres estivaux pour accompagner ce film muet qui illustre une rencontre amoureuse entre une jeune femme et un champion de pétanque au bord d’une piscine sous les palmiers. Un court qui permet de terminer cette sélection - et avec elle l’été et ses canicules - avec fraîcheur et sourire!