L'édito de Adèle Morerod - Ce que pensent les films

Le 09 janvier 2019

A l’orée de cette année nouvelle, une évidence tout d’abord: celle de vous souhaiter, lecteurs, lectrices, de nombreuses découvertes cinématographiques pour 2019, qu’elles soient bouleversantes, belles, étranges ou réconfortantes.

Mais aussi une interrogation, déclenchée par la bande-annonce du film Seconde Chance. Non, il ne s’agit pas d’évoquer ici la carrière cinématographique de Jennifer Lopez, qui a laissé des souvenirs marquants (mais pas forcément en bien) au fil des années 2000. Il s’agit d’une phrase, prononcée par l’héroïne: «Je ne supporte pas tous ces diplômés, avec leurs belles maisons. Pourquoi est-ce qu’on ne valorise jamais l’école de la vie ?» On notera que, dans le film, cette «valorisation» est permise par un mensonge originel, qui propulse le personnage dans l’univers des cosmétiques de luxe… Cette tendance à dénigrer l’éducation au profit de l’argent comme principal moyen et signe de réussite, a de quoi inquiéter.

Depuis longtemps Ciné-Feuilles défend l’idée que les films doivent être des supports à la pensée, surtout face à une production qui vise de plus en plus à distraire, voire à penser à la place des spectateurs. N’est-il pas dès lors intéressant d’observer comment cette dernière s’y prend pour court-circuiter toute réflexion et imposer, à la place, des principes peu glorieux ? Tout ce que nous pouvons espérer, c’est de continuer à avoir une posture active de spectateur, qui se remet en question face aux films mais les questionne aussi en retour et le monde à travers eux. Et peut-être même risquerons-nous l’idée que la réflexion, loin de détruire le plaisir simple et immédiat, permet de l’approfondir et de le prolonger?