L'édito de Adèle Morerod - Aveu d’un amour

Le 06 février 2019

A en croire l’avis de Sabrina Schwob, La Dernière folie de Claire Darling qui orchestre les retrouvailles à l’écran des grandes Catherine Deneuve et Chiara Mastroianni ne vaut que pour leur présence. On le croit volontiers et même, cela permet d’éclairer un point maintenu souvent en sourdine dans la critique: un certain attachement aux acteurs et actrices. Mentionnés entre parenthèses après leur personnage, salués surtout pour leur interprétation - car il s’agit d’avancer des arguments sérieux, ils peuvent pourtant incarner la raison d’être d’un film. Ou en tout cas de notre envie de le voir.

Alors, piochant dans les textes présentés dans ce numéro, nous nous autorisons pour une fois à faire l’éloge de ces figures fascinantes, touchantes, renversantes, qui font beaucoup de notre amour pour le cinéma.

Il y a peut-être d’abord les connus, les prédestinés à être nominés dans les festivals, comme on peut l’attendre de Christian Bale, méconnaissable en Dick Cheney dans Vice. Mais cela ne les empêche pas de justement se transformer et de nous captiver à chaque rôle. Beautiful Boy et La Favorite ne promettent pas moins avec leurs castings brillants, principalement féminin pour le second, la magnifique Rachel Weisz en tête.

Et puis, il y a aussi ces comédiens et comédiennes plus discrets, qu’on ne soupçonnait même pas d’exister et que l’on rencontre au détour d’un rôle ou d’un portrait. C’est le cas de Karen Dalton, musicienne oubliée, à laquelle Emmanuelle Antille donne un visage bien à elle dans A Bright Light - Karen and the Process. Ou encore la très belle figure maternelle de Loveling qui nous permet de découvrir l’actrice brésilienne Karine Teles.

Enfin, il y a celles et ceux qui ont été fixés pour l’éternité à travers un geste, un plan, un regard, par un cinéaste amoureux de son art - comme nous le rappelle le texte sur Michelangelo Antonioni dans (Re)découverte: des retrouvailles que l’on se plaît à revivre encore et encore, avec la même émotion.