Félix et Lola

Affiche Félix et Lola
Réalisé par Patrice Leconte
Pays de production France
Année 2000
Durée
Genre Comédie dramatique
Distributeur Pathé Distribution
Acteurs Charlotte Gainsbourg, Philippe Torreton, Alain Bashung, Philippe Du Janerand, Ahmed Guedayia
Age légal 14 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 410
Bande annonce (Allociné)

Critique

Après LA VEUVE DE SAINT-PIERRE, une production relativement importante, Patrice Leconte revient à une réalisation moins ambitieuse, un film plus léger que l’on pourrait résumer en quelques lignes: un forain, qui tient un manège d’auto-tamponneuses, rencontre Lola, une fille mystérieuse qui n’a pas l’air de trouver beaucoup de plaisir à la fête. A partir de là, Leconte imagine quelques pistes sentimentales et policières, ajoute un chanteur de dancing énigmatique et un peu collant et intègre un minimum de suspense pour que le spectateur ne lâche pas prise. En cours de route on va découvrir que Lola a une curieuse façon d’aménager la réalité et de raconter sa vie: elle se révèle mythomane, comme si elle ne se trouvait pas assez de personnalité et qu’elle voulait s’inventer une autre vie pour intéresser autrui.

En poussant l’analyse plus loin, Leconte aurait pu faire de FELIX ET LOLA une oeuvre originale et subtile, mais il en est resté au niveau de l’évocation vague et du mystère flou. Et quand le spectateur s’aperçoit que la dernière séquence du film contredit (très certainement) les toutes premières images qu’il a vues, il a le sentiment d’avoir été mené en bateau. Ou en auto-tamponneuse. Bousculé par-devant et par-derrière, il ne sait plus très bien qui (ou que) croire, et en qui espérer.

Le poids du film repose sur les épaules de deux excellents comédiens, Charlotte Gainsbourg et Philippe Torreton. La première parvient très bien à donner à Lola les traits d’une jeune femme en quête d’identité, un peu désabusée, intrigante et menteuse, en proie à certains manques et à la recherche de fantasmes. Elle réussit à dramatiser son existence pour capter l’intérêt de Félix, sur lequel elle exerce très vite une sorte de fascination. Quant à Philippe Torreton, il campe le personnage de Félix, un brave type tout étonné qu’une histoire d’amour lui tombe dessus, lui qui n’y croyait plus. Cette fille mystérieuse, il ne va plus la lâcher, même s’il se sent entraîné dans un monde étrange, comme aspiré sur des terrains inconnus et insondables. Il a tellement peur de la perdre qu’il préfère attendre, se taire et lui montrer qu’il est simplement là.

La fête foraine en tant qu’image de la vie est une métaphore souvent utilisée au cinéma. Encore eût-il fallu savoir l’ex­ploiter et ne pas en rester à un simple décor. Reconnaissons pourtant que l’histoire de Félix et de Lola, un peu minimaliste, se laisse voir avec plaisir. On regrettera cependant que Patrice Leconte se soit arrêté à mi-chemin d’une aventure intérieure plus intéressante. Peut-être est-ce là à la fois les qualités et les limites d’un réalisateur qui préfère ­ ici en tout cas ­ en rester à une esquisse, souvent sensible et élégante, plutôt que de se lancer dans une étude plus profonde des sentiments et des êtres.

Antoine Rochat