Anna Karenina (L’histoire de Vronsky)

Affiche Anna Karenina (L’histoire de Vronsky)
Réalisé par Karen Shakhnazarov
Titre original Anna Karenina -Vronsky's Story
Pays de production Russie
Année 2017
Durée
Genre Drame.
Distributeur inconnu
Acteurs Maksim Matveyev, Elizaveta Boyarskaya, Kirill Grebenshchikov, Vitali Kishchenko
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 781

Critique

S’attaquer à un monument de la littérature tel que Anna Karénine semble toujours un peu fou. Cela n’a pas empêché nombre de cinéastes de reprendre à leur compte l’histoire universelle de Tolstoï - que l’on pense à Clarence Brown (1935) ou plus récemment à Joe Wright (2012), avec respectivement Greta Garbo et Keira Knightley dans le rôle-titre. Cette fois-ci, l’approche est tout sauf classique: Karen Shakhnazarov, le réalisateur, prend le parti de raconter le destin de cette héroïne tragique à travers le regard et la voix de son amant, le comte Vronsky.

1904: les armées du tsar affrontent le Japon sur les terres de Mandchourie. Médecin militaire, Sergueï Karénine rencontre parmi les blessés à sa charge le comte Vronsky. Confronté à celui qui a tant aimé sa mère, il va se pencher sur le passé. Et entendre le récit de la passion qui a, trente ans auparavant, déchiré sa famille.
Le film oscille ainsi entre deux temporalités, deux rencontres. La magnificence des reconstitutions rend d’ailleurs sensible l’écart entre les fastes de la vie de cour en 1870 et les misères de la guerre. Le postulat est clair: Vronsky est le héros, détruit par un bonheur qui lui a échappé. Humain et généreux, il incarne l’amoureux raisonnable et dévoué face à une Anna emportée par sa passion inconditionnelle et un époux Karénine moralisateur, rendu cruel par excès de respect des lois. On sent que le réalisateur s’est attaché à son personnage, nous donnant accès à ses sentiments, bien plus qu’à ceux de l’héroïne. L’acteur Maksim Matveyev contribue largement à cette identification, par sa prestance et son charme discret.

Mais alors, d’où vient l’impression de passer à côté de cette célèbre histoire d’amour? Sans doute du fait que le film n’a pas su choisir entre les multiples fils qu’il tisse autour et à partir de celle-ci. Le face-à-face entre Vronsky et Sergueï Karénine notamment, s’il rythme le début du récit, disparaît ensuite jusqu’à la fin ou presque. Trop longtemps en tout cas pour développer pleinement la relecture du passé par les deux hommes et les échanges qui auraient pu en découler. Et surtout, le parti pris de s’en tenir au point de vue du comte n’est guère respecté. Dans un souci de respecter l’œuvre d’origine, le réalisateur a en effet inséré de nombreuses scènes qui ne concernent qu’Anna. Le personnage, moins bien construit que celui du comte, en devient bancal. Ni projection complète de l’amant, ni héroïne à part entière, elle laisse indifférent, voire agace par ses impulsions qu’on peine dès lors à valider.

Peut-être était-ce là le risque à vouloir faire d’une des plus grandes amoureuses de la littérature la simple somme de regards masculins? Qu’elle s’en affranchisse malgré tout.

Adèle Morerod

Appréciations

Nom Notes
Adèle Morerod 12
Nadia Roch 17