Encordés

Le cinéaste suisse Frédéric Favre n’a, c’est le moins que l’on puisse dire, pas manqué d’ambition. Il nous propose un documentaire avec en toile de fond la Patrouille des Glaciers 2016. Une course mythique, emblématique, consistant à partir de Zermatt pour arriver à Verbier, en un temps qui avoisine en moyenne les 18 heures.

Le cinéaste s’attache en parallèle à trois personnages, trois futurs participants à la Patrouille, dans l’année qui précède leur grand défi. Ils ne se connaissent pas, ne courront pas ensemble, mais tous trois ont des raisons différentes, personnelles, intimes, de se lancer dans l’aventure. Nous en apprenons plus sur leur personnalité, leurs motivations, leurs espoirs pendant qu’ils se préparent physiquement et, surtout, qu’ils cherchent leurs futurs coéquipiers. L’une des choses les plus importantes étant de savoir avec qui l’on sera encordé. Le cœur du film, mais aussi sa faiblesse, se situe là. Bien sûr, la Patrouille des Glaciers n’est pas qu’un défi physique, c’est avant tout une aventure humaine, et Encordés en est une démonstration réussie. Le film souffre toutefois de quelques longueurs au début et à la fin. Peut-être est-ce dû au fait que le réalisateur a choisi de suivre trois groupes distincts. Le rythme aurait sans doute pu être plus soutenu s’il n’en avait choisi que deux.

Mais toutes les scènes de la course sont haletantes grâce, évidemment aux décors naturels à couper le souffle. On imagine aisément le propre défi relevé par l’équipe technique pour suivre en temps réel ces coureurs dans leur aventure (sur)humaine. Et on imagine la frustration de ces amoureux de la montagne qui se sont entraînés pendant des mois lorsqu’on les voit apprendre, au milieu du parcours, que pour la première fois depuis des décennies, la Patrouille des Glaciers 2016 est annulée à cause de la météo.