C’est tout pour moi

Lila (Nawell Madani) vit dans un milieu modeste à Bruxelles. Depuis toute petite elle désire devenir danseuse, mais son père (Mimoun Benabderrahmane) n’en veut rien. Adolescente, elle décide de quitter sa famille et s’en va à Paris tenter sa chance. Le monde qu’elle découvre n’est guère accueillant et après plusieurs tentatives infructueuses elle décide de changer d’orientation. Elle se lance alors dans une carrière d’actrice et d’humoriste avec une seule idée en tête, celle de voir son nom au haut d’une affiche et montrer ainsi à son père qu’elle avait raison. Elle y parviendra, grâce à la collaboration de Fabrice (François Berléand, excellent), un homme de scène et imprésario du show-business.

La réalisatrice et actrice Nawell Madani est connue comme humoriste et animatrice à la télévision. C’est tout pour moi, son premier film, raconte la vie de Lila, une existence qui ressemble à la sienne. On est proche d’un film autobiographique même si certains événements ou personnages ont été ôtés ou ajoutés (la mère de l’héroïne, par exemple, a été exclue du récit).

Le choix de la cinéaste de jouer le rôle principal permet une approche sans doute sensible du personnage central, mais le film peine pourtant à tenir la distance. Construit sur une juxtaposition de scènes (tantôt comiques, tantôt mélodramatiques) peu reliées les unes aux autres, parfois trop courtes, le film connaît des instants d’intimité, certes, mais l’émotion n’a pas le temps de s’installer. On regarde, on rigole (le comique des mots se veut permanent), mais tout cela manque de construction, de ligne directrice, de point de vue. La tentative de donner une place prioritaire aux relations de Lila avec sa famille fait long feu: quel rôle le père a-t-il vraiment joué? quel fut celui de sa mère? comment Lila a-t-elle acquis ce langage particulièrement drôle et ce vocabulaire parfois cinglant qui ont fait son succès sur scène?

Il faudra attendre les ultimes images du film pour déceler un ou deux gestes d’affection de Lila à l’adresse de son père, mais l’impression dominante reste que l’auteur/interprète de

C’est tout pour moi a préféré emmener son personnage sur un parcours de vie très différent du sien. La tonalité du film est agréable, on en reste pourtant à un divertissement léger, fait de pièces et de morceaux.