Mise à mort du cerf sacré

Affiche Mise à mort du cerf sacré
Réalisé par Yórgos Lánthimos
Titre original The Killing of a Sacred Deer
Pays de production Grande-Bretagne
Année 2017
Durée
Genre Drame, Fantastique
Distributeur xnix
Acteurs Nicole Kidman, Alicia Silverstone, Colin Farrell, Raffey Cassidy, Barry Keoghan
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 778
Bande annonce (Allociné)

Critique

Cardiologue réputé, Steven Murphy (Colin Farrell) a épousé Anna (Nicole Kidman), ophtalmologue de renom. Ils vivent bourgeoisement dans une luxueuse maison avec leurs deux enfants, Kim (Raffey Cassidy), une fille de14 ans et Bob (Sunny Suljic), un garçon de 12 ans. Depuis quelque temps Steven voit en cachette et prend sous son aile Martin Lang (Barry Keoghan), un mystérieux adolescent qui a récemment perdu son père, décédé lors d’une intervention chirurgicale dont Steven avait eu la responsabilité. Martin va occuper une place de plus en plus grande - et ambiguë - dans la famille.

Le cinéaste grec Yórgos Lánthimos a composé un scénario où la satire et le fantastique se rejoignent. Satire d’une bourgeoisie qui a une très haute estime d’elle-même, et tableau d’une famille livrée aux forces obscures d’un jeune homme auquel le scénario prête une dimension inquiétante. La présence de Martin suscitera rapidement angoisse et effroi, et le film perdra peu à peu ses liens avec la réalité. Si Steven est spécialiste du cœur et sa femme des yeux, le premier ne ressent rien et elle n’y voit rien non plus. Ne sachant pas comment faire face aux événements - irrecevables et terrifiants, on le concède - ils essaieront de ne pas perdre pied.

Le film se transforme vite en une description d’un conflit mystérieux (Martin cherche-t-il à se venger?) et d’une symbolique très obscure (où se cache donc la composante «sacrée» du titre?) Les séquences se font de plus en plus lentes, cruelles, ennuyeuses. La curiosité se perd, le suspense côtoie l’horreur, on craint le pire et l’épilogue est difficilement supportable. Le cinéaste a beau chercher à mettre à son actif les codes du cinéma fantastique et de la science-fiction, c’est raté. Il ne séduira que les spectateurs à la recherche d’une forme (visuelle) de déraison, d’épouvante et de cynisme. La bande-son et la musique soulignent lourdement certains passages (merci à Schubert et Bach pour l’introduction et la conclusion, et merci aux lignes musicales stridentes destinées à multiplier l’effroi…) Quant au message laissé par cette mise à mort, on le cherchera vainement.

Antoine Rochat

Après Canine et The Lobster, le réalisateur chemine une fois encore en compagnie de personnages fermés sur le monde et peut-être plus encore sur eux-mêmes. Anna (Nicole Kidman) et Steven Murphy (Colin Farrel) sont tous deux médecins, ophtalmologue et chirurgien. Lors d’une intervention il y a quelques années, Steven a entraîné la mort d’un des patients, ce qu’aujourd’hui lui rappelle vivement Martin, le fils adolescent du défunt, qu’il revoit de temps à autre. Mais cette curieuse relation ne se contente pas pour Steven de raviver un douloureux souvenir, car Martin, capable d’influer sur la santé d’autrui, exige une vie pour une vie. Le chirurgien va-t-il céder à cette terrible demande ou ses enfants, voire sa femme commence à porter les signes annonciateurs du drame horrible qui se noue ?

Tout se met irrémédiablement en place pour que s’opère l’offrande aux dieux – mais lesquels ? –, à l’instar d’Iphigénie en Tauride que lit la fille du couple. Lanthimos ouvre son drame fantastique et glacial, aux accents gore et en forme de tragédie grecque, sur quelques accords de la Passion selon St Jean de Bach qui sonnent faux. Les paroles chantées portent en effet un tout autre message que celui que distille avec précision ce cinéaste, expert dans l’instauration d’un climat malsain, voire pervers.

Serge Molla

Serge Molla

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 8
Serge Molla 13