Risk

En 2011 la cinéaste américaine Laura Poitras rencontre l’informaticien australien Julian Assange et entreprend le tournage de Risk. En janvier 2014 elle est contactée par Edward Snowden, l’homme qui a révélé que les Etats-Unis avaient mis sur pied un système d’écoutes illégales (de la NSA) à l’échelle mondiale. Elle part alors à Hong Kong, s’entretient avec le cybermilitant américain et réalise Citizenfour, qui sortira en 2014 et obtiendra l’Oscar du Meilleur documentaire (CF n. 721).

Quelques mois plus tard la cinéaste reprend contact avec Julian Assange qui, entre-temps, a demandé l’asile à l’ambassade d’Equateur à Londres. Accusé de harcèlement sexuel et de viol par la justice suédoise, il craint, l’affaire éventuellement réglée, d’être ensuite extradé vers les Etats-Unis. Les autorités américaines l’accusent en effet d’avoir diffusé, via WikiLeaks, des documents sur l’Irak et l’Afghanistan et laissé circuler 250’000 câbles diplomatiques (affaire du militaire Bradley Manning). Considéré comme un homme dangereux, Assange se trouve dans le collimateur de plusieurs gouvernements, dont celui des Etats-Unis bien sûr.

Le documentaire de Laura Poitras démarre avec l’affaire des «câbles syriens» en relation avec Hillary Clinton. Un climat de tension s’installe et Assange est mis sous pression. Tantôt il affirme que WikiLeaks veut promouvoir la liberté d’expression, tantôt aussi il n’hésite pas à jouer avec certaines personnes en refusant de prendre en considération des informations exagérées ou sensibles.

Risk est un film touffu, qui s’appuie sur de nombreux et longs commentaires explicatifs, qui saute d’un lieu à l’autre et d’un moment à un autre, ce qui ne simplifie pas le travail du spectateur.

Certaines séquences sont superflues (que vient faire ici Lady Gaga avec ses questions?) et il est parfois difficile de situer une forme d’objectivité: Assange a d’ailleurs accusé Laura Poitras d’avoir remanié son film après sa présentation à Cannes en 2016 et, selon les avocats du militant australien, la nouvelle version ne correspondrait plus du tout au cahier des charges initial. A vouloir être proche d’Assange tout en gardant une distance vis-à-vis de l’informaticien, la cinéaste ne réussit pas à livrer une information très claire.