Happy End

Affiche Happy End
Réalisé par Michael Haneke
Pays de production France, Autriche, Allemagne
Année 2017
Durée
Genre Drame
Distributeur inconnu
Acteurs Isabelle Huppert, Mathieu Kassovitz, Jean-Louis Trintignant, Franz Rogowski, Fantine Harduin
N° cinéfeuilles 776
Bande annonce (Allociné)

Critique

Il est très à la mode de considérer que Michael Haneke, quoi qu'il fasse, est un génie provocateur. Certes, il est l'auteur d'une œuvre philosophique intéressante, dérangeante, ambitieuse, déclinant ses thèmes favoris. L'Histoire, les secrets, les névroses, la mort, le rejet absolu de la société-spectacle, la bourgeoisie individualiste et inhumaine sont des thèmes ayant donné des films passionnants, empreints d'une grande violence psychologique sous-jacente. Mais il arrive aussi au cinéaste de manquer sa cible comme dans Caché (2005), dont la réputation est très surfaite. C'est aussi le cas avec Happy End.

Haneke a toujours eu à cœur de laisser le public se faire son idée, aimer ou rejeter ce qu'il lui montre. C'est bien, mais encore faut-il lui donner de temps en temps quelque chose à se mettre sous la dent. Les scènes se suivent, déclenchant un climat qui se voudrait étrange ou malsain, mais qui n'est que vain et fabriqué. Qu'implique l'effondrement du chantier? Qui sont les deux personnes qui passent leurs nuits à s'envoyer des e-mails salaces? Qui tue le hamster dans sa cage et pourquoi? Quels sont les non-dits entre une cheffe d'entreprise et son fils alcoolique? Le problème, c'est qu'on commence assez vite à s'en moquer. Quant à la tentative de suicide de la fillette, on n'arrive pas à y croire. Ce n'est que dans le dernier quart d'heure qu'Haneke parvient à instiller un malaise palpable ainsi qu'un humour glacial, et à réellement suspendre la respiration du public. La fin est forte, à la fois douloureuse et belle. Mais c'est trop tard.

Dommage, car la mise en scène d'Haneke est ciselée et tranchante. Jean-Louis Trintignant et Mathieu Kassovitz sont excellents. Le film hésite trop longtemps à proposer un enjeu et un point de vue clair, le rendant hermétique. Le public reste dehors.

Phlippe Thonney


Sorte de suite à Amour, ce film, dans lequel on retrouve Isabelle Huppert et Jean-Luc Trintignant, explore avec minutie l’univers d’une famille bourgeoise européenne, les Laurent, qui cumule les crises. Un effondrement a blessé un ouvrier sur un chantier de leur société familiale, l’aïeul (Jean-Louis Trintignant), veuf, aspire à mourir, Anne (Isabelle Huppert) recueille son frère Thomas (Matthieu Kassovitz), sa femme et leur bébé dans la demeure patricienne, sans oublier la fille de Thomas (13 ans) qui vient de perdre sa mère.

Cette enfant ressent l’hypocrisie régnante, elle décèle les mensonges des adultes qui l’entourent, jusqu’à partager le regard désabusé, voire désenchanté, de son grand-père à qui on ne la fait pas. C’est pourquoi on se souviendra sans doute longtemps de la rencontre forte et émouvante entre cette enfant et ce grand-père qu’elle découvre et qui se découvre. Plus tard, une grande réception, donnée à Calais à l’occasion des fiançailles tardives d’Anne révélera les lézardes de tout ce monde riche de convenances et de politesse feintes derrières lesquelles se cachent les êtres. Car lorsque surgissent en plein repas de fête quelques migrants africains, apparaissent plusieurs fentes qui n’augurent rien de bon.

Serge Molla

Appréciations

Nom Notes
Philippe Thonney 9
Serge Molla 15
Georges Blanc 13