Château de verre (Le)

Affiche Château de verre (Le)
Réalisé par Destin Daniel Cretton
Titre original The Glass Castle
Pays de production U.S.A.
Année 2017
Durée
Musique Joel P. West
Genre Drame, Biopic
Distributeur Impuls
Acteurs Naomi Watts, Woody Harrelson, Brie Larson, Max Greenfield, Josh Caras
Age légal 12 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 776
Bande annonce (Allociné)

Critique

Les plans font rêver, d’autant plus que tout paraît modulable. La petite fille aimerait un escalier ici, l’autre une sortie de ce côté, pas de problème, papa retouchera l’ensemble pour tenir compte des desiderata des uns et des autres. A première vue, la famille soudée semble normale, presque exemplaire, malgré sa pauvreté qui fait qu’on ne mange pas tous les jours à sa faim. Maman (Naomi Watts), artiste, peint continuellement; papa (Woody Harrelson, impressionnant), sans emploi régulier, dessine les plans d’un extraordinaire château de verre dans lequel la famille s’installera, un jour; en attendant, Jeannette et ses frère et sœurs se débrouillent en suivant une scolarité privée dispensée ponctuellement par l’un ou l’autre parent.

Cette histoire vraie, c’est celle d’une enfant cabossée (Ella Anderson, puis Brie Larson convaincante), devenue chroniqueuse mondaine à New York, qui, dès son plus jeune âge, a pris en charge la fratrie pour leur permettre à tous de ne pas se perdre complètement. Adulte, sur le point de se marier, Jeannette Walls voit tout à coup sa mémoire douloureuse ravivée: «Je me demandais dans le taxi si je n'étais pas trop habillée pour la soirée quand j'ai aperçu maman en train de fouiller dans une benne à ordures…» Certes, il y a de l’amour et de la poésie au sein de cette famille, mais elle dysfonctionne totalement en raison de l’excentricité du père charismatique, alcoolique et génial, et de la mère, aussi artiste que fantasque, sans parler de la fuite constante des créanciers qui les contraint tous à sillonner sans arrêt les routes.

On retrouve donc ici une part des ingrédients de Captain Fantastic, à la nuance que l’histoire n’a ici rien de fictionnel. Il s’agit d’un véritable drame, mais on s’attache néanmoins à tous ces personnages, parents comme enfants - solidement incarnés par tous les acteurs -, qui invitent à une réflexion forte sur le thème de la résilience. Qu’est-ce qui fait qu’un gosse aura demain les ressources intérieures pour se construire malgré tout? Quel regard portera-t-il demain sur une enfance anormale? Leurs parents regretteront-ils leurs choix d’adultes irresponsables? La manière dont les enfants grandissent et perçoivent progressivement les enjeux relationnels et la façon dont ils s’ouvrent à la nature et se ferment au monde environnant évitent bien des clichés et autres caricatures. Parfois le même personnage, héros, se perd, devient victime, puis bourreau, et il n’est évidemment pas si simple de quitter sans emporter avec soi, intérieurement, tout ce qui s’est semé. Vivre autrement, prôner une éducation alternative a un prix: il est fort élevé pour des enfants qui n’ont pas choisi cette option.

Serge Molla

Appréciations

Nom Notes
Serge Molla 14