Lumière! L’aventure commence

Affiche Lumière! L’aventure commence
Réalisé par Thierry Frémaux
Pays de production France
Année 2016
Durée
Genre Documentaire
Distributeur filmcoopi
Acteurs Martin Scorsese, Thierry Frémaux, Auguste Lumière, Louis Lumière
Age légal 6 ans
Age suggéré 10 ans
N° cinéfeuilles 776
Bande annonce (Allociné)

Critique

Assister aux premiers pas du cinéma art émeut, mais voir l’enfant grandir enchante.

Quel bonheur de découvrir en une seule fois 108 films, d’une durée de 50 secondes chacun, tournés entre 1895 et 1905 par Auguste et Louis Lumière ou un de leurs assistants dûment envoyés en mission pour filmer! Cet ensemble soigneusement restauré invite à un voyage étonnant. Non seulement, on voit ou revoit la célèbre «Sortie de l’usine Lumière à Lyon», mais surtout on plonge dans le monde d’un couple de créateurs fantastiques. Les deux frères ont certes mis au point un système qui relègue immédiatement les autres inventions parallèles au rencart, mais ils ont réalisé bien plus encore. Ils ont créé un nouveau langage, avec une nouvelle grammaire, au point que si la technologie évoluera au cours des décennies à venir, si les supports s’allègeront incroyablement, si le son fera son entrée, etc. etc., bien peu sera inventé. Les Lumière ont véritablement enfanté le septième art et l’ont accompagné (presque) jusqu’à l’âge adulte.

Ainsi, au travers des films montés, on discerne qu’ils conçoivent la mise en scène, le travelling, le trucage - et Georges Méliès s’en donnera bientôt à cœur joie -, le remake, la profondeur de champ, la composition, et surtout le cadrage. Car il ne suffit pas de filmer, c’est-à-dire d’offrir ce que la photographie semblait annoncer, encore faut-il savoir où placer la caméra. Et peut-être n’y a-t-il qu’un endroit où elle doit l’être comme le rappelle la voix off de Thierry Frémaux citant Raoul Walsh qui avait certainement raison. Or, les Lumière ont su tant de fois où devait, sans nul doute possible, être posée leur caméra. Et cette intuition-là, ce réflexe, ils ont même su le transmettre, au vu des films que leur a ramenés leur équipe.

L’ensemble du montage comprend 11 chapitres et un épilogue. Ainsi s’offrent à notre regard émerveillé des films sur les origines, sur Lyon, sur la France qui travaille ou qui s’amuse, sur le monde tout proche, sur le lointain et l’exotique, sur le siècle nouveau (le XXe) qui s’ouvre… Ces séquences font enfin voir ce que tant de lecteurs des romanciers de la fin du XIXe ont imaginé en parcourant leurs œuvres; ces films très courts font sentir le biotope des Flaubert, Proust, Zola… Puis il y a aussi ce qu’un Chaplin développera, le gag qui surgit spontanément du réel, à peine amplifié. Quant aux opérateurs envoyés aux quatre coins de la France et du monde avec des consignes précises, ils ramènent des chefs-d’œuvre. Voyez plutôt: défilé de voitures de bébés à la pouponnière de Paris, chantiers navals du sud de la France, voyages, de Venise aux pyramides de Gizeh ou à la Cochinchine, défilé de cinq mille policiers moustachus, à l’exception de trois, etc. Et le commentaire de Thierry Frémaux qui accompagne le tout est celui d’un passionné. Aussi le spectateur n’assiste-t-il pas à un cours didactique, mais il se surprend à succomber dès les premières images à une fascination. Immédiatement, il oublie que ces films sont muets, qu’ils ont plus de cent ans et sont en noir et blanc à l’exception de celui, colorisé à la main, d’une danseuse aux rubans; à l’instant même, il ressent ce qu’ont éprouvé ceux qui assistèrent à l’époque aux projections des frères Lumière, et se dit, tout comme eux: «MM. Lumière sont de grands magiciens!»

consulter également l'article de Nadia Roch

 

Serge Molla

Appréciations

Nom Notes
Serge Molla 20
Nadia Roch 20
Georges Blanc 18