Ça

Affiche Ça
Réalisé par Andy Muschietti
Titre original It
Pays de production U.S.A.
Année 2017
Durée
Musique Benjamin Wallfisch
Genre Epouvante-horreur, Thriller
Distributeur foxwarner
Acteurs Bill Skarsgård, Jaeden Lieberher, Finn Wolfhard, Jack Dylan Grazer, Sophia Lillis
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 775
Bande annonce (Allociné)

Critique

Publié en 1986 et ayant demandé quatre ans de travail, Ça est sans conteste l'œuvre la plus démesurée de Stephen King. A tous points de vue. Dans ce pavé de 1’500 pages, l'auteur aborde de nombreux thèmes qui lui sont chers; l'enfance d'abord, et bien sûr les fantasmes et les peurs propres à cet âge de la vie; ou encore les lieux, les légendes et les non-dits de son Maine natal. King y joue avec une virtuosité inégalée du flash-back, changeant les caractères droits en italiques au milieu d’une phrase pour passer d’un adulte se rappelant son enfance à l’enfant qu’il était alors qu’il vivait les événements. Le livre raconte en effet en parallèle l’histoire d’une bande de gamins confrontés à leurs pires cauchemars ayant pris la forme d’un clown diabolique, et trente ans plus tard, devenus adultes, leur retour sur les lieux pour tuer définitivement le croque-mitaine, alors même qu’ils sont devenus trop rationnels pour y croire. L’épouvante, le suspense, les tréfonds de l’âme, mais aussi l’amitié, la fraternité, tout y est brillamment dépeint. Bref, Ça est un roman dont on sort épuisé mais ébahi.

Une gageure, donc, d’adapter à l’écran ce livre dont l’intérêt vient de l’enchevêtrement, du mélange des époques, de l’horreur et des ressentis. Un très long téléfilm, plutôt réussi au début et complètement bâclé dans la deuxième partie, avait déjà été fait en 1990. Mais cette nouvelle tentative est plutôt réussie. Le scénariste a eu à cœur de ne pas montrer que le récit d’épouvante, mais a tenté aussi d’approfondir le sous-texte, les rêves, les croyances. Bien sûr, il est impossible d’être aussi onirique et percutant que le roman. Mais grâce à de bons acteurs, à une mise en scène inspirée se mettant réellement au service de l’histoire au lieu de chercher à faire des effets, grâce aussi à une bande-son restituant les nombreux aspects musicaux et rock’n roll du roman, on arrive à en toucher du doigt la complexité.

Deux points négatifs. Alors que les enfants du roman étaient nés dans les années 50, l’histoire du film se déroule en 1988. Dommage, car un autre point important du livre était de décrire la vie de l’époque en Amérique. Et second point, on ne voit que l’histoire des enfants. Un second film, prévu pour l’année prochaine, racontera celle des adultes. Il est regrettable que le montage du film ne soit pas le même que celui du livre, montrant les deux époques en parallèle. Mais certes, il aurait fallu faire un très très long métrage! En résumé, on aimera le film à condition qu’on ait d’abord lu le roman.

Rappelons encore qu’à l’exception de quelques œuvres signées Stanley Kubrick, Frank Darabont ou Rob Reiner, Stephen King n’a eu que peu de chance au cinéma. Il s’agit souvent de films d’horreur de série B, alors qu’on l’aura compris, les romans sont bien plus complexes et intéressants que cela. Pour mémoire, on peut se souvenir des lamentables adaptations de Running Man, de Cujo ou de Christine.

Pour terminer, il est amusant de constater que le film est produit par New Line, une compagnie ayant connu renommée et fortune il y a 30 ans grâce à un autre célèbre croque-mitaine se nourrissant des peurs et des cauchemars enfantins: Freddy Krueger.

Philippe Thonney