A voix haute – La force de la parole

Affiche A voix haute – La force de la parole
Réalisé par Ladj Ly, Stéphane de Freitas
Pays de production France
Année 2016
Durée
Musique Superpoze
Genre Documentaire
Distributeur agorafilms
Acteurs Jennifer Peedom
Age légal 6 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 773
Bande annonce (Allociné)

Critique

A voix haute s’ouvre et se conclut sur une respiration suspendue. Entre deux, on suit la préparation d’une vingtaine d’étudiants au concours Eloquentia. Ce dernier a été créé en 2012 par Stéphane de Freitas dans la région de Seine-Saint-Denis. Pendant trente jours, les participants sont entraînés aux règles de la rhétorique, du jeu et de la composition, pour finir par s’affronter lors de joutes orales devant un jury. L’idée à l’origine de ce projet était de donner la parole aux jeunes de banlieue, tout comme les outils pour la déployer au mieux. En tirer un documentaire était, pour le réalisateur, la seconde étape logique pour témoigner de cette jeunesse courageuse.

Car du courage, Leila, Elhadj, Eddy et leurs compagnons en ont à revendre. Au fil des répétitions, leurs parcours de vie transparaissent peu à peu, souvent à travers les sujets qui leur sont donnés à débattre. Le cinéaste a aussi choisi d’en suivre quelques-uns dans leur intimité, au fur et à mesure des semaines. Ce processus confère quelque chose de très spontané au film, mais aussi d’un peu brouillon. On aimerait avoir plus de temps pour découvrir ces figures, blessées mais déterminées, qui réaffirment l’importance du dire.

A l’heure où les discours sont utilisés à tort et à travers, où l’expression immédiate des opinions prédomine face à la construction réfléchie des idées, il est beau de voir toute une jeunesse se saisir des mots, s’y soumettre aussi, pour affirmer leur place. Ils y glissent rap, slam, poésie ou interprétation. Ils y mettent l’expérience de l’exil, de la pauvreté. Mais surtout, leur espoir d’un monde où parler c’est transmettre, construire. Comme le dit Elhadj: «Parler c’est une arme pour se défendre». Contre les inégalités et l’oppression. Pour l’union et l’échange, à l’image de ce petit groupe bouleversant.

Adèle Morerod