120 battements par minute

Affiche 120 battements par minute
Réalisé par Robin Campillo
Pays de production France
Année 2017
Durée
Musique Arnaud Rebotini
Genre Drame
Distributeur agorafilms
Acteurs Adèle Haenel, Nahuel Perez Biscayart, Arnaud Valois, Antoine Reinartz, Felix Maritaud
Age légal 14 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 773
Bande annonce (Allociné)

Critique

Au début des années 80, l’apparition du sida stoppe net l’élan de libération sexuelle qui avait fleuri avec Mai 68. La maladie est inconnue, on ne dispose d’aucun médicament, d’aucun vaccin pour la maîtriser. Très vite, on met en cause les relations sexuelles comme cause de transmission. Très vite aussi on repère les personnes les plus touchées: les homosexuels.

Et ce sont les homosexuels qui se prennent en charge le plus rapidement, avec un sens aigu de leur responsabilité. Pour preuve, la mise en place de groupes d’information et de lutte contre la maladie. Ainsi est née l’association Act Up, en 1987 aux Etats-Unis, deux ans plus tard en France. C’est un moment du combat de cette dernière que raconte Robin Campillo.

Pourquoi en parler si tard? Le réalisateur l’a expliqué. Lui-même membre d’Act Up, concerné au plus près par le sida et ses répercussions, il avoue avoir longtemps hésité avant de «se jeter à l’eau». 120 battements par minute reprend l’un des thèmes principaux de l’association, rendre visible la maladie et les souffrances conséquentes, attirer l’attention des autorités politiques, sanitaires et pharmaceutiques sur la nécessité de la prévention et de la recherche médicamenteuse.
C’est dire que le film est à la fois passionnant et lourd. Passionnant par ce qu’il rappelle d’une course contre la montre, du désir effréné de faire comprendre et partager l’urgence, de la colère contre l’immobilisme et la stigmatisation ambiante. Lourd parce qu’il n’échappe pas au didactisme, parce que les moyens de lutte d’une association qui se dit non violente sont souvent très …violents et que la mauvaise foi n’en est pas exclue.

Passionnant parce que la mise en scène attire l’intérêt par sa vivacité et ses innovations. Lourd à cause de scènes trop longues et de plans inter-séquences étirés, à cause aussi de la complaisance avec laquelle sont filmées des scènes de sexe qui n’apportent rien.

Pourtant, 120 battements par minute touche incontestablement. Son filmage au premier degré place le spectateur de plain-pied avec les séropositifs, l’oblige à discuter intérieurement des arguments débattus, à condamner ou à défendre et finalement à comprendre mieux la peur, la souffrance et l’espoir vécus au jour le jour.

Pour cette nécessaire empathie au moins, le film mérite d’être loué.

Geneviève Praplan


Début des années 1990, choc. Après la révolution sexuelle et la libération des mœurs, l’irruption et l’épidémie du sida se répandent comme une traînée de poudre. Certains se mobilisent de suite et montent des actions spectaculaires et non violentes pour sensibiliser non seulement les individus, mais l’Etat afin qu’il développe le plus rapidement possible une politique de sensibilisation et de prévention. C’est ainsi que s’engagent sans compter les militants d’Act Up.

Parmi eux, Nathan, très touché par la détermination et la volonté de Sean, atteint par le virus, qui, lui, joue ses dernières cartes… Le plus fort de cette réalisation, soignée et fort bien découpée, empreint d’une force vitale peu commune, tient à la reconstitution historique et notamment à celle des débats et des actions menées courageusement par Act-Up, dont les militants, malades ou non, n’hésitent pas à s’introduire dans les bureaux d’une grande société pharmaceutique et à jeter des poches de faux sang contaminé contre les murs.

Les nombreux personnages sont forts et émouvants et le récit invite à s’attacher aux uns et aux autres ; toutefois, fallait-il les suivre dans toutes leurs évolutions intimes, à l’instar de bien d’autres films auparavant, hormis le fait qu’il ne s’agit pas seulement cette fois-ci de faire l’amour, mais de se dire mutuellement jusqu’à évoquer son propre passé affectif ? Aujourd’hui, tant en France que dans la majorité des pays européens, la maladie régresse, mais il ne faut pas cesser d’en parler.

C’est dire que les combats menés furent aussi importants que nécessaires pour vaincre les préjugés et contraindre les grandes sociétés pharmaceutiques à prendre leurs responsabilités morales et non seulement financières.

Serge Molla

Serge Molla