Dunkerque

Affiche Dunkerque
Réalisé par Christopher Nolan
Pays de production U.S.A., France, Grande-Bretagne, Pays-Bas
Année 2017
Durée
Musique Hans Zimmer
Genre Guerre, Historique, Drame
Distributeur foxwarner
Acteurs Mark Rylance, Tom Hardy, Harry Styles, Fionn Whitehead, Barry Keoghan
Age légal 12 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 773
Bande annonce (Allociné)

Critique

La bataille menée en 1940 par les armées françaises et anglaises contre le Blitzkrieg s’est terminée par un encerclement des troupes alliées dans la région de Dunkerque. Relativement couverte par les combats de l’infanterie française et l’aviation, l’armée britannique met en place en catastrophe l’évacuation de ses troupes (opération Dynamo). Les navires de la Royal Navy sont réquisitionnés pour l’opération. On fait même appel à la marine marchande, aux pêcheurs, aux navigateurs de plaisance pour rapatrier sous les bombardements un maximum de soldats.

C’est cet événement à la fois tragique et miraculeux que remémore le réalisateur britannique. «En Angleterre, nous grandissons tous avec ce souvenir de la bataille de Dunkerque et du rembarquement. Cet épisode fait partie de notre culture», précise-t-il. C’est beaucoup moins le cas en France - dont beaucoup de soldats se sont alors glissés parmi les troupes britanniques - qui va se trouver sous l’Occupation.

Pareil sujet n’est pas facile à traiter sans s’adonner au culte du héros et aux effets spéciaux. Nolan refuse ces travers. Il ne confie pas les rôles aux plus illustres vedettes et tourne dans le décor naturel de Dunkerque. Son film ne porte que sur le principal souci du moment : la fuite. Une bande-son plutôt discrète soutient originalement les combats. Les dialogues, restreints, laissent toute la place aux plans qui traduisent l’angoisse, le désespoir, la panique, le courage, bref, le quotidien de la misère humaine.

Trois actions de durées différentes sont menées de front : en mer, dans les airs, sur la plage. Cette dernière étant la plus longue, elle enserre les combats aériens et la défense au sol en brouillant parfois la chronologie. Peu importe, à vrai dire, car la conscience du danger, le débat entre l’instinct et la logique, l’urgence qui trouble le raisonnement, tout cela est si bien rendu qu’on oublie le cinéma au profit d’une réalité que l’imagination rend tangible. Et l’estomac se noue.
S’ajoute à cela une intense beauté de l’image. Par ailleurs, alors que depuis des années tout le cinéma a passé au digital, Christopher Nolan filme avec de la pellicule 70 mm. «Les nouvelles techniques ne sont pas forcément ce qu’il y a de mieux. Avec le digital, la qualité de l’image ne s’altère pas mais elle est moins belle qu’en 70 mm. Nous avons voulu proposer cette expérience cinématographique d’un film au grain incomparable et au son optimal.»

Avant tout film de survie, Dunkerque réussit à mettre en forme l’horreur de la guerre. Sans plonger dans la complaisance des corps abîmés et des mares de sang, il sait suggérer le pire et dire l’essentiel en peu de temps. C’est sa sobriété qui assure son aspect véridique et qui lui donne le poids d’un juste hommage aux soldats qui ont payé dans cette bataille.

Geneviève Praplan