Réalisé par | Aktan Arym Kubat |
Pays de production | Kirghizistan |
Année | 2015 |
Durée | |
Musique | Andre Matthias |
Genre | Comédie dramatique |
Distributeur | trigonfilm |
Acteurs | Aktan Arym Kubat, Taalaïkan Abazova, Bolot Tentimyshov |
Age légal | 16 ans |
Age suggéré | 16 ans |
N° cinéfeuilles | 769 |
Dans un petit village du Kirghizistan en pleine phase de modernisation, celui qui se voit surnommé Centaure (Aktan Arym Kubat) mène une vie paisible en compagnie de sa femme Maripa (Zarema Asanalieva) et de son fils (Nuraly Tursunkojoev), tous les deux muets. Convaincu que son peuple est victime d'une malédiction pour avoir exploité commercialement le cheval, symbole de liberté, Centaur s'évertue à vouloir le délivrer. L'ouverture nous plonge au cœur de la nuit où le protagoniste, avec un sentiment de liberté totale traverse les pleines, à dos d'un pur-sang galopant avec l'espoir d'obtenir le pardon de Kombar-Ata, le dieu protecteur. Le propriétaire du cheval, Karabay (Bolot Tentimyshov), fou de rage en constatant sa disparition, souhaite à tout prix le retrouver avant la prochaine course hippique…
Narré sous forme de conte, Centaure repose sur un manichéisme critique où la modernité crée chez l'individu un appât du gain, au détriment de la liberté et des relations interindividuelles. Même le miracle des missionnaires a un prix. La dichotomie entre ces deux valeurs s'exprime à plusieurs niveaux. Dans une séquence des plus réussies nous est présenté, sans que cela soit verbalisé mais seulement suggéré visuellement, en montage alterné le mode de vie de Centaur et celui du propriétaire. Le protagoniste, souvent intégré à son environnement par des plans d'ensemble, se déplace à pieds, mange par terre, raconte des légendes, parfois au moyen de la lanterne magique, à son fils tandis que dans la maison du Karabay, la technologie a remplacé toute forme d'habitudes ancestrales. Ses enfants, en présence d'invités, sont enfermés dans le cadre, ignorant complètement leur entourage, hypnotisés qu'ils sont par leur console. Mais le cinéma apparaît comme un moyen de dépasser cette dichotomie: par une mise en abyme, ce film poétique met en récit la légende du protagoniste, interprété par le réalisateur lui-même, pour véhiculer l'histoire de Kombar-Ata.
Sabrina Schwob