Paris pieds nus

Après notamment l’Iceberg (2005) et plus récemment La Fée (2011), le duo Abel et Gordon nous propose son quatrième long-métrage. Toujours avec fantaisie et inventivité, ils mettent cette fois en images les déambulations chaotiques de Fiona dans les rues de Paris, à la recherche d’une tante éprise de liberté (Emmanuelle Riva). Fiona Gordon campe cette nièce canadienne et elle va trouver en Dom (Dominique Abel), clochard facétieux, un compagnon de route pas toujours désiré, qui va quelque peu lui compliquer la vie.

On retrouve dans ce dernier film les influences qui guidaient déjà les premières œuvres du duo. Du corps maladroit, emprunté à des comiques du burlesque tel Chaplin ou Tati, aux images colorées et cadrées comme des bandes-dessinées, c’est un petit monde qui se déploie, ô combien personnel et souvent touchant derrière l’humour. La présence malicieuse et digne à la fois d’Emmanuelle Riva y est pour beaucoup ; sans aucun doute, sa rencontre avec Pierre Richard donne lieu à un des très jolis moments de poésie du film. Et puis il n’y a pas que les corps, dégingandés, vieillis, qui sont parfois mis à mal dans des situations loufoques, mais aussi une certaine idée de la société, réinvestie ici par de doux rêveurs marginaux qui imposent leurs propres chemins, qui se heurtent souvent aux règles établies. Néanmoins, malgré toutes les esquisses d’explication, il reste difficile de catégoriser un tel objet cinématographique – qui par ailleurs n’échappe pas à quelques longueurs - ainsi que de savoir quelle place il réussira à se faire auprès du public.